La ville de Nice distribue gratuitement un kit de rentrée scolaire à tous les écoliers. Bonne nouvelle ? Mouais. C’est sûr que ces 17€ de matériel vont faire du bien à beaucoup de familles, pourtant c’est un peu tôt pour parler de victoire, même partielle, dans l’avancée vers une réelle gratuité de l’école. Quelques remarques sur cette distribution.
Générosité ? Mouais ! Tout d’abord, rappelons que le loi fait obligation aux communes de financer le fonctionnement des écoles, mais elle n’oblige pas à une somme par élève. On se retrouve donc dans des situations inégalitaires selon la ville où on habite. C’est donc un acte ordinaire de la vie municipale que de fournir du matériel aux élèves via les crédits pédagogiques alloués aux écoles notamment. D’ailleurs, « Les crédits pédagogiques habituellement alloués aux écoles sont inchangés » nous dit fièrement M. Estrosi (Nice-Matin 14/06/2025). Je confirme, ils sont inchangés. Depuis 2011. Par exemple la mairie attribue 31€ de crédits pédagogiques par élève de maternelle depuis 2011. À comparer avec l’inflation depuis cette date… Le seul prix du papier a plus que doublé dans cette période.
Pourquoi maintenant ? M. Estrosi est maire de Nice depuis 2008, et il ne se préoccupe de la gratuité de l’école qu’en 2015. Est-ce parce qu’il a des difficultés à acheter les fournitures de sa fille Bianca qui entre en CE2 à la rentrée ? Ou est-ce la proximité des élections municipales ? (mars 2026, pensez à vous inscrire sur les listes électorales) On voit bien la visée électoraliste de cette distribution par la mise en scène qui en est faite. Il la fait à l’école de Fabron, un de ses fiefs électoraux et une des très rares écoles de Nice à avoir adopté l’uniforme. Il la fait pour la rentrée 2025 de façon à pouvoir s’en vanter dans les débats électoraux.
Pourquoi comme ça ? A notre connaissance, il n’y a eu aucune concertation avec les enseignant·es via leurs organisations syndicales. Christian Estrosi paie pour l’école et Estrosi Christian décide et veut tout régenter, parfois au-delà de ses attributions. Enfin, comme d’habitude, c’est le journal officiel (Nice-Matin) qui leur a appris qu’iels devront distribuer ces kits, à qui et comment. Cette manière de faire court-circuite les enseignant·es et le travail d’équipe qu’iels font pour enseigner aux élèves les savoir-faire qui leur permettent de gérer leur matériel. Les établissements […] se chargeront de les distribuer aux élèves avant le départ pour les grandes vacances. Cricri a parlé ! Obéissez ! Où est l’autonomie pédagogique des enseignants là-dedans ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas les maternelles ?
Les fournitures seront données à tous les élèves et il est vrai qu’ils disposeront ainsi du même matériel. (ibid) Certes, mais c’est là une individualisation de l’aide et de la responsabilité. Iels ont eu leurs kits en juin, maintenant qu’iels se démerdent. Quid de la liberté pédagogique des enseignants dans le choix du matériel et la manière de s’en servir ? Quid des choix d’équipe de partage et de collectivisation du matériel ? Quid de l’aide aux plus défavorisé·es ? Égalité ou Équité ? Autant de questions qui mériteraient un long développement de cet article que nous ferons peut-être plus tard.
En attendant, comme à son habitude, Christian Estrosi décide tout, fait tout, se met en scène et met en scène ses actions, pourvu qu’on voie sa tête dans Nice-Matin et sur les Internets il est content. Surtout qu’il a bientôt une élection à gagner.