Ce dimanche 12 octobre sur la place Garibaldi, la liste de gauche nommée Nice Front populaire a fait son entrée en campagne pour les élections municipales des 15 et 22 mars 2026. Avec ce clin d’œil évident aux dernières législatives, la volonté de continuer à porter haut et fort l’aspiration de juin 2024 qui a vu se constituer un front populaire face à la menace fasciste. En face, Christian Estrosi et Eric Ciotti seront les ennemis principaux, ainsi que l’autre liste de gauche, Unis pour Nice, traitres à l’esprit du NFP dès ses premières jours.
Par Edwin Malboeuf
La gauche unie mais divisée… en deux listes ? D’un côté la gauche de droite (Parti Socialiste, Parti communiste, Ecologistes), regroupés dans la liste Unis pour Nice, malgré l’absence de la première force de gauche (LFI) dans cette union. De l’autre, la gauche de gauche qui comprend la France insoumise, l’alternative communiste, les alternatifs (et quelques anarchistes égarés), l’Après, Ensemble, le NPA, le rassemblement citoyen Viva, et le collectif Reprenons la main, ainsi que des citoyens non-encartés. Le tout sous une bannière qui rappelle un temps pas si lointain d’union large, “de Hollande à Poutou” comme on l’avait surnommée. La liste présentée ce dimanche reprend le blason du Nouveau Front populaire des législatives de juin 2024, avec Nice Front populaire (NiFP) pour les élections municipales, et ne l’oublions pas, communautaires (ici pour la métropole Nice Côte d’Azur) de mars 2026.
Deux listes ayant appelé à l’union, sans qu’aucun accord ne soit trouvé. Il serait long et fastidieux de refaire le fil des événements ayant mené à cette désunion. Gardons à l’esprit qu’il demeure des divergences de fond majeures qu’un quelconque signifiant de gauche, donc englobant tout ce petit monde dans le même camp a priori, ne saurait dissoudre. D’un côté, on a souhaité exclure du rassemblement le collectif citoyen Viva, et disons-le sans qu’ils ne l’aient dit, la France insoumise, suivant ainsi les lignes nationales tracées par leurs partis. De l’autre, on a proposé une union calquée sur la base des scores électoraux, où la FI est arrivée en tête à Nice à toutes les dernières élections, avec en tête de liste une femme qui serait issue de la société civile. Ajoutons à cela, de vieilles inimitiés, avec au hasard, Patrick Allemand du PS et soutien dès 2017 d’Emmanuel Macron, et vous obtenez deux listes. Néanmoins, puisque la course est lancée, l’objectif pour ces deux listes, si ce n’est l’emporter, sera de terminer devant l’autre pour pouvoir s’imposer dans le rapport de forces du second tour, où devraient se trouver également Christian Estrosi (Horizons) et Eric Ciotti (UDR).
Mais, avant le second tour, il y a le premier, le 15 mars 2026. Nice Front populaire a réuni environ 300 personnes, ce dimanche 12 octobre sur la place Garibaldi pour le lancement de la campagne. Une foule venue écouter et découvrir à la tribune, confectionnée d’une petite palette et d’un pupitre, les premiers noms de la liste et les citoyen.n.es engagés dans l’élan de celle-ci. Pour la tête de liste, Mireille Damiano reprend du service, après les 9% de voix obtenus en 2020, dans un contexte de pandémie de Covid. « En tête de la gauche aux dernières municipales », dit Olivier Salerno, numéro 2 de la liste NiFP et chef de fil de la France insoumise, sous-entendant que la liste menée par Jean-Marc Governatori (L’écologie au centre, il le dit lui-même) était bien de droite. Suivent Anne-Laure Chaintron de la FI en numéro 3 et David Nakache, président de l’association Tous citoyens.

Les mots pour le dire
C’est sous un soleil automnal fort chatoyant que se sont enchainés les prises de paroles de ces quatre premiers noms, ainsi que de citoyennes et citoyens engagés. Une présentation de l’action culturelle et citoyenne par Nawel Bouhmedi, entrepreneuse et présidente d’association, une mise au point féministe et radicale sur ce que devra être le programme par Ariane Kuttel, militante féministe et rédactrice à Mouais, un plaidoyer pour la défense des quartiers populaires par Hatem Dridi, militant associatif et politique, un état des lieux écologiques du territoire par Yann Salagnon, membre d’Alternatiba, ainsi qu’un certain nombre de chantiers à prévoir sur le vélo, l’alimentation, le surtourisme. Le besoin de lutter contre toutes les discriminations par Anne-Laure Chaintron, un point sur le logement social défaillant à Nice (14% contre 25% prévue par la loi) d’Olivier Salerno, le bilan d’Estrosi par David Nakache, une défense du caractère démocratique de la liste et un soutien à la démocratie active par Mireille Damiano. En bref, un large tour d’horizon de ce qui fonde une gauche de gauche. Sociale, solidaire, démocrate, écologiste, féministe, antiraciste, citoyenne. Et radicale ? Car si l’esquisse du programme, dont 40 personnes travaillent dessus depuis plusieurs mois a rappelé Robert Injey au micro qui animait la discussion, paraît être en adéquation avec l’urgence sociale et écologique, les mots pour le dire ont parfois semblé euphémisants. Face aux ogres fascisants, ou carrément fascistes du camp adverse, il va peut-être falloir que cette gauche soit en mesure de sortir les crocs.
Quoi qu’il en soit, la campagne débute, et avec elle, son lot de coups bas, de promesses illusoires, de mensonges éhontés et de torsions du réel de la droite. Que la gauche soit au rendez-vous de ce parfois piètre spectacle politique et qu’elle puisse élever le débat public. Pour l’autre gauche, non, rien. Les atermoiements à censurer, ainsi que les acoquinements du PS avec la Macronie, la ligne saucisse-réac de Roussel, l’écologie bourgeoise des écologistes ont définitivement enterré l’espoir d’une quelconque union. Il n’y a qu’une seule gauche à Nice, elle porte le nom de Nice Front populaire.

