Bande de merdes !
Par Jide

En fait, nous sommes tout.e.s des merdes. Je m’en suis rendu compte ce matin. Je courais comme un con, à cramer mes calories de gosse gâté de l’Histoire, avec un grand H au cas où vous ne l’auriez pas vu. Je me gave donc d’un nombre de calories peu croyable à longueur de vie en ingurgitant une quantité de produits rares à l’échelle de la planète. Je ne suis pas le seul, ni la seule, à le faire puisque c’est THE modèle ! Le développement, la croissance, le bonheur ! La globalisation, yeah !

En fait nous sommes tout.e.s des grosses merdes. Ce matin, alors que je courais, j’ai croisé une belle métaphore – pour les glands du cerveau, et y en a plein, cela veut dire que c’est une comparaison imaginée, et encore comme ça j’suis pas sûr que tout le monde me comprenne. Pas grave, puisqu’une merde n’a pas besoin de comprendre, ni de savoir pour faire son parcours de merde. Ni d’être comprise d’ailleurs. Donc, j’ai croisé « bonjour monsieur-dame la merde », « bonjour monsieur-dame l’humain », une merde, écrasée par terre, rien de surprenant ça s’appelle la pesanteur, avec un de ces fameux masques bleus anti-covid-de-mes-deux-trucs-qui-pendouillent (et oui c’est inclusif ha ha ha). Oui, oui, une superbe chiasse bien foncée et portant un masque anti-covid écrabouillé dedans ayant fait usage de PQ. Belle image.

Donc, une belle merde avec un beau masque bleu. « Qu’est-ce qui nous distingue d’elle en somme ? » me suis-je demandé, inspiré probablement par l’assimilation d’un de mes stocks de graisse un peu trouble. Du berceau au tombeau… comme de la bouche à l’anus (je parle de digestion pas de pratique sexuelle bande de pervers). On vous avait prévenu que cela allait mal se terminer toutes ces conneries. Encore aurait-il fallu que vous ayez une mémoire ou même un peu d’esprit. On vous en a mis plein les yeux pour que ça gigote dans vos caboches : des mots jolis, un peu durs à tartiner sur le pain du matin quotidien, mais ça gigotait quand même un peu. C’était seulement une sorte de flatulence. On vous en a mis, en veux-tu en voilà, plein la gueule des avertissements sur le climat, sur la violence sociale. On a sorti les gros guns : lutte des classes, autonomie, collapsologie, métropolisation, néo-colonialisme, perturbateurs endocriniens, méthanisation, cycle du carbone, patriarcat, extractivisme, non-binaire, inclusif, technopolice, convivialité, sobriété heureuse… Mais autant le cochon se régalerait d’avoir de la confiture, autant les humains n’en ont apparemment à peu près absolument rien à foutre de nourrir leur matière grise.

Au-delà d’être dans la merde, qu’est-ce qui nous différencie encore des matières fécales finalement ?

Elles proviennent de la digestion – j’oserai peut-être un jour aborder la notion de métabolisme social, mais je pense que vous êtes encore trop cons pour comprendre. Donc les merdes proviennent de la digestion, comme des petits enfants qu’on lâche de nos couilles et de nos vagins, avant de se faire digérer par la société de travaille-consomme-ferme-ta-gueule et j’ajoute « crève tard si possible parce que ça rapporte gros ». Donc des matrices du berceau au cercueil. Comme les étrons de la bouche au trou de balle. Vous ne m’avez pas cru. Vous ne m’aurez pas vieux ! Autant crever jeune et cracher sur les tombes de ceux et celles qui étaient là avant nous. Imaginez le parcours de l’horreur, déjà cramé.e du cerveau dès l’enfance pour être formaté.e à suivre la ligne droite, la plus droite possible en tous les cas, jusqu’à la retraite pour enfin devenir le plus servile et le plus débile des consommateurs : la merde au niveau de l’anus. Elle ne sert quasiment plus à rien, sauf que si, y a encore du jus à en sortir ; et ça peut durer longtemps : de 1965 à 1985, il y a quand même vingt ans de dégradation et de consommation servile avec en plus une perte d’autonomie exponentielle, jusqu’à l’état quasi végétatif. Le vieux est donc une marchandise comme une autre que les capitalistes ne sont pas près de lâcher.

Avant de finir de vous vomir toutes ces méchantes paroles, j’ajouterais quand même qu’ils ont appelé ça la sylver-économie – parce qu’on a des beaux cheveux argentés, qu’on est vieux soi-disant. Selon l’utopie dans laquelle on souhaite exister. Pour vivre heureux, mourons avant d’être vieux. Le plus complexe étant de ne pas devenir vieux avant l’âge, et ça c’est pas gagné. On essaie de faire de nous des vieux dès la naissance : ne joue pas au ballon sur cette place publique malheureux, ça fait du bruit ! Regarde avant de traverser, travaille à l’école, c’est pour toi, pour ton avenir, écoute ce qu’on te dit, obéis, arrête d’être insolent, sois sérieux, et ferme ta gueule de djeun ! Et n’oublie pas de te masturber dans des tissus au max en trois couleurs en attendant, ça te rendra fièr.e. de ta connerie, en attendant qu’on tire la chasse !

De la gérontocrature à un monde d’esclaves heureux

Alors voilà, tout ça pour qu’on consomme le plus longtemps possible. Chaque vie que nous sommes est un investissement. Un millions d’euros le péquenot français parce qu’il bouffe du camembert pourri, et peut-être deux pour les ricains décérébrés qui croient que la terre est plate. L’un dans l’autre, on s’en fout, mais autant en être conscient. Nous sommes des marchandises bordel et cela ne nous préoccupe plus. Des milliards de jeunes sur terre aux projets de vie flingués pour sauver quelques poignées de vieux débiles, pour qu’ils continuent à faire tourner l’économie. La dictature du vieux. Une gifle dans ta gueule pour te rappeler que tu es sensible.

Alors j’espère qu’après t’avoir insulté tout au long du texte que tu viens de lire péniblement, tu es au moins en colère. Pas contre le système. En fait j’ai peu de doutes là-dessus, les cons ont des opinions et c’est ça l’Histoire. On la connaît la technique génocidaire de tuer tous les cons. On finirait par être seul au monde et par se trucider. Quoique… Et finalement bon débarras peut-être ?

Une anecdote pour terminer ? Ce matin j’ai vu trois gars ramasser ensemble un tas de feuilles gros comme mon cul (donc pas si gros). Un peu plus loin, un mec avec une bonne vieille débroussailleuse thermique, c’est-à-dire à essence, c’est-à-dire qui lâche du bon vieux CO2 si tu vois ce que je veux dire, et arrête de regarder mon doigt, c’est la lune que je te montre, donc « braaaaaaaaaaaaaaammmmmmmmmmmm » le matin à 8 heures, au niveau de la colline du château, vieille ville de Nice, « braaaaaaammmmmmmmmmmm » le moteur pour débroussailler, c’est-à-dire trucider, flinguer, détruire les plantes qui poussent dans les interstices du vieux mur en pierres. Hé ouais mon pote, toute une métaphore. Allez, la bise. Et n’oubliez pas que vous avez le choix de vous sentir concernés ou con cerné.e.s .