Retour sur les Pré-Assises Pré-Présidentielles de la Presse Pas Pareille (PPP.PPP)

On était à Paris le weekend du 26-27 mars 2022 pour annoncer la deuxième édition des Assises intergalactiques et transnationales de la presse libre, satirique et indépendante. On a passé ces deux jours à parler de nous, puisqu’il ne faut pas attendre que quiconque d’autre en parle, et peu d’eux aussi, -les médias dominants. Comment construire une voix dissonante dans cet océan de merde concentrationnaire que sont les médias français actuellement ? Ou pour le dire plus poétiquement par les mots d’Antton Rouget de Mediapart, comment « être un gros poisson dans une mare de requins » ? Y’a du boulot, c’est sûr. Pour l’instant, celui-ci est bénévole (et c’est un problème), mais bientôt Mouais, et la presse pas pareille dans son ensemble seront grands et forts, ensemble. Par Malsayeur le Médisant

Ce samedi 26 mars 2022, à 14 heures, une fois n’est pas coutume, un soleil radieux inonde la devanture de la librairie le Monte-en-l’air, près de la rue Ménilmontant à Paris. Les chaises sont installées pour accueillir les tables rondes de la journée. Au programme : le traitement (ou la maltraitance) de la question écologiste par les médias, suivi d’un débat sur la déconstruction masculine au sein des rédactions, puis le lendemain, présentation, par Samuel Gontier de Télérama, du fascisme rampant dans les médias dominants, puis discussion autour de la presse alternative et de son écosystème. Vaste programme, dissout, comme tout événement mouaisi qui se respecte, dans un flot de bière ininterrompu et de musique à base de cuivres.

A la genèse de tout ce ramdam, la petite rédaction niçoise de Mouais. Lorsque, en octobre 2019, le mensuel dubitatif se lance, on ne sait pas encore trop où l’on va. On sait simplement que l’on a envie de créer nos propres récits, besoin vital dans une ville gangrenée par les fachos encravatés. Un an plus tard, l’envie de développer un réel média de contre-pouvoir, informatif, structuré, diffusé, pérenne, nous donne l’idée d’organiser des rencontres avec nos pairs de la presse dite « pas pareille », afin d’échanger sur comment y parvenir. De là naissent les Premières assises intergalactiques et transnationales de la presse libre, satirique et indépendante (on aime bien les titres d’évènements à rallonge). Organisées les 5 et 6 juin 2021 à Tourette-Levens, à 20 minutes de Nice, dans une somptueuse ferme entourée de pins et d’oliviers, dont la réussite, en tout cas selon les dires des convives, nous a poussé à réitérer l’événement cette année. Et nous voilà à Paris, en ce dernier weekend du mois de mars, pour annoncer et préparer la tenue de la seconde édition des Assises intergalactiques toussa toussa.

Ici, un premier extrait de la table ronde avec à gauche Giovanni Simone, bénévole cumulard à la Mule du pape, média de luttes sociales montpelliérain, et au Chiffon, journal critique et indépendant de Paname et banlieues, bien représenté ici, Philippe Vion-Dury, au centre, rédacteur en chef de Socialter, magazine de critiques radicales et alternatives, et Amélie Poinssot de Mediapart, en charge de la question agricole.

Amélie Poinssot, de Mediapart, Philippe Vion-Dury de Socialter, Giovanni Simone, de la Mule du Pape et du Chiffon (vidéo)

On y parle, avec Mačko Dràgàn (prononcez son accent circonflexe inversé qui donne Matchko, sinon il vous parle plus), animateur en non-chef des débats, et les intervenants, de sémantique, du caractère rubricard de l’écologie, des classes pop potentiellement peu intéressées par l’écologie (ce qui est faux), et des journalistes, qui doivent donner à voir une écologie désirable. En vérité, les classes populaires sont les plus écolos de facto. Car elles se déplacent moins, consomment moins, réutilisent, recyclent etc. Ce sont bien entendu les riches qui détruisent la planète pour reprendre l’intitulé du bouquin d’Hervé Kempf de Reporterre. Et c’est plutôt à nous d’aller s’intéresser à cette « culture de la survivance » pour reprendre les mots de Coline de No Go Zone, média également présent.

Il nous a été reproché, à juste titre, par Amélie Poinssot de Mediapart, d’avoir organisé pour cette table ronde un plateau de débat non paritaire. A notre décharge, nous avions invité des rédactions, pas des personnes. Et effectivement, surtout des hommes ont répondu présent et étaient prévus au micro. Mais cela amorce la réflexion qui poursuit l’après-midi, car comme prévu par ailleurs, le second débat était donc sur la déconstruction masculine au sein des rédactions. Celui-ci a porté sur l’autolimitation des hommes, qui pourrait être, pourquoi pas, inscrite statutairement dans les chartes de fonctionnement des rédactions, la nécessité d’avoir des responsabilités tournantes, la possibilité ou non de recourir aux quotas…

Mahault Mandonnaud, du Mouais, le mensuel dubitatif, Coline Merlo et Alix Rampazzo, de No Go Zone, débat animé par Milena de librairie du Monte-en-l’air (audio)

Après cette première journée, un peu de funk dans les enceintes dehors, un peu de bière, d’échange de contacts, et la clameur clémente d’une douce fin de journée de printemps sont venues clore les débats.

Le lendemain, Samuel Gontier, plume acérée de Télérama et auteur d’enquêtes immobiles depuis son canapé intitulées « Ma vie au poste » qui documente la télé-poubelle (pléonasme?), est venu disserter avec nous sur la mélasse médiatique. A l’aide de ses notes, il a relaté ce qu’il entend à la télé, pour notre plus grand bonheur ou désarroi, c’est selon. « Merci de regarder la télé pour nous » a même dit une femme présente dans l’assistance. Et un constat partagé : c’est de pire en pire cette merde qu’on appelle télévision, avec tous les effets potentiels de propagande que l’on sait.

Samuel Gontier, de Télérama (vidéo)

Enfin, Antton Rouget, de Mediapart, est venu nous parler du travail salutaire du seul média riche de la presse indépendante. Avec des détails sur la cuisine interne à ce media. Pour terminer sur des questions du public, qui s’est amassé au fil de la discussion. Et de comment introniser des prolos dans la classe médiatique.

Antton Rouget, de Mediapart (son)

Le weekend de causeries s’est conclu sur cette idée que l’on soumet au reste de la presse indépendante : la création d’un syndicat de la presse pas pareille.

Le but est de se donner une structure, financée par l’ensemble des adhérents, pour porter nos revendications multiples : demande d’un statut particulier du journaliste indépendant non encarté, meilleure redistribution des aides publiques à la presse, faire porter une voix singulière dans le paysage médiatique et le débat public plus en adéquation avec l’idéal journalistique, aide à la création d’événements participant à la fomentation de cet écosystème de la presse alter, entraide en cas de procès-bâillon en diffamation, ou de projet démentiel de dissolution. En bref, un syndicat de combat pour la presse libre.

Après cela, la fanfare de la Locomotive, dont une basse manquait cruellement selon les musiciens, mais dont nous, pauvres kiffeurs de son avec une oreille tout juste affinée pour différencier un instrument à vent d’un instrument à corde, n’avons pas tenu rigueur. Et qui a régalé jusque dans l’after au Lieu-Dit, bar d’en face et sorte de prolongation bistrotière du Monte-en-l’air.

Après ce weekend de discussions festives, on se donne rendez-vous les 4 et 5 juin 2022, à la ferme de la Sauréa, près de chez nous à Nice ?

Photos, texte et vidéos par Malsayeur le Médisant. Merci à Stéphane Roussel (aucun lien) de l’Actualité des luttes pour les prises de son. Désolé de pas avoir tout pu filmer, mais notre malheureux caméraman s’est à chaque fois trouvé en rade de batterie pour les deuxièmes tables rondes.

Nous avons créé une cagnotte pour aider à la réalisation des 2ième assises intergalactiques de la presse libre, satirique et indépendante qui auront lieu le week-end du 4 et 5 juin 2022 dans les Alpes-Maritimes. A remplir ou à faire tourner. On vous aime. Pour toute demande, nous contacter à cette adresse : contact@mouais.org et consulter la page dédiée.

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