La vie d’un journal indé’ est rarement facile, et on voit régulièrement passer des appels à aider tel ou tel titre. Hélas, c’est notre tour. Les caisses de notre mensuel sont vides, et la situation est compliquée. Que s’est-il passé ? On s’en explique. Ce que vous pouvez faire ? Simple : pièces jaunes, tickets restau, on prend tout.

Mardi 2 mai, 21h, conf’ de rédac’ du mensuel Mouais. On cause trésorerie. Et le parpaing de la réalité nous tombe dessus : même si nous sommes encore en attente de quelques paiements ici et là, et que nous disposons d’un (tout petit) fond de réserve, nous n’avons devant nous que de quoi imprimer… deux numéros.

Qu’est-ce à dire ? Avons-nous si mal géré notre argent que, cigales libertaires, nous nous retrouvons bien déconvenues une fois la bise venue ? Eh bien, pas du tout. Mouais, revue sans publicités, éditée par une association, est principalement financé par ses abonnements (400 actuellement) et par ses ventes en kiosque, en librairie, dans des locaux associatifs, et à la criée. L’argent ainsi obtenu, ainsi que quelques dons, permet de financer les frais d’impression et de routage. Divers événements (rencontres, concerts…), hors manifestations, nous permettent également de vendre notre revue, de recruter des abonné.e.s et de générer quelques fonds via un prix d’entrée, la vente de nourriture, de boissons….

Mais dans le contexte actuel, ça ne suffit plus, et voici pourquoi. Car avant de faire appel à votre cordiale générosité pour la cagnotte, il paraît évidemment important de vous expliquer le pourquoi de ce coup de pouce -exceptionnel, espérons le.

1/ L’engagement de notre équipe sur bien des projets autres que la communication, la recherche de lieux de vente et de financements.

Car c’est une réalité assez connue : de manière générale, pour trouver l’argent, il faut au préalable le chercher. Or, les personnes de notre rédaction les plus engagées dans son fonctionnement (beaucoup de nos membres ayant des boulots les empêchant de s’investir plus qu’elles et ils ne le voudraient), en plus de devoir assurer la sortie de 24 pages par mois (rédac’-chefferie, relectures, articles, enquêtes, gestion du site Internet et des réseaux sociaux, maquette…), ce qui n’est pas rien, doivent aussi tenir à bout de bras l’organisation des Assises intergalactiques de la presse libre –que nous allons devoir décaler-, divers événements liés au renforcement de l’écosystème des médias indépendants, avec notamment récemment la tenue des rencontres publiques du Syndicat de la Presse Pas Pareille (SPPP) il y a peu. Le tout en s’investissant corps et âme dans le mouvement social qui embrase actuellement le pays, et sur fond de jobs alimentaires plus ou moins ponctuels (mais aussi d’un chronophage procès en diffamation).

Les journées n’ayant que 24 heures, cela nous laisse hélas peu de temps pour ce qui est pourtant très important : la recherche de ce qu’on appelle communément la thune, la moula, notamment via des subventions auxquelles nous pouvons prétendre. Voire, dans le cas des Assises, cela met directement à mal nos finances, ce genre de festivités nécessitant l’avance de frais importants, pas toujours remboursés…

2/ L’augmentation d’à peu près tous les frais possibles et imaginables.

Vous le savez peut-être, il y a eu ces derniers temps une très forte hausse du prix du papier, qui a plus que doublé en un an – de 400 à près de 1 000 € la tonne. Mais vous le savez sans doute aussi, il n’y a pas que le papier qui a augmenté : à peu près tous les frais ont depuis quelques mois explosé, touchant de plein fouet notre petite structure associative. Le passage du prix de vente de notre revue papier de 3 à 4 euros (mais toujours à prix libre en vente à la criée) n’y a hélas pas fait grand-chose : imprimer et diffuser coûte de plus en plus cher.

3/ Les problématiques liées au modèle papier payant cumulé à la gratuité de tous nos contenus en ligne.

« Le papier pour moi c’est des mauvais souvenirs, je trouve que c’est quand même une galère pas possible et des coûts énormes, qui en plus varient. Avec le papier, tu prends des sueurs froides, alors qu’avec le web, non. Et avec des coûts moindres », a ainsi dit Nicolas Framont, de Frustration, dans un entretien qu’il nous a accordé. Et c’est fort vrai. C’est pourquoi, notamment pour pallier les difficultés de la diffusion papier et conforter notre audience, nous avons fait le choix de développer notre site Internet (ainsi que notre blog Mediapart), afin que nos contenus soient accessibles au plus grand nombre.

Problème : si nos publications en ligne marchent souvent bien, voire très bien, et si nous sommes parvenu.e.s à asseoir une certaine visibilité au sein de nos pairs des médias indépendants, nos abonnements, par contre, stagnent. Beaucoup de gens, et il n’est évidemment pas question ici de le leur reprocher, semblent s’habituer au fait de nous consulter en ligne ; ce site étant 100 % gratuit, ceci ne va néanmoins pas dans le sens de l’amélioration de nos finances…

Tout ceci menant à une conclusion fatale : des caisses vides. Et la douloureuse perspective de peut-être prochainement ne plus exister qu’en ligne, ce qui, pour les amoureuses et amoureux du papier que nous sommes, est une grande tristesse.

Mais allons à l’essentiel : pourquoi nous sauver ?

Mais nous tenons cependant à l’assurer auprès de nos généreuses et généreux donatrices et donateurs : au-delà de ses soucis d’argent, notre journal se porte très bien. Car Mouais, finalement, c’est quoi ? Et qu’est-ce qui pourrait nous faire dire que ce journal « mérite vie », pour le formuler comme Mahmoud Darwich ?

Mouais, c’est une rédaction de 11 personnes de 20 à 55 ans, paritaire et horizontale. On y trouve actuellement depuis peu deux services civiques : une étudiante en ethnologie, et un jeune photo-reporter. Mouais, c’est un journal local, profondément ancré dans la vie populaire et associative de sa ville, Nice, au travers d’événement variés, notamment des rencontres mensuelles, les « Causeries-apéro-concert » (CAC), et résolument proche des sans-voix, des marginalisé.e.s, des habitant.e.s des quartiers populaires, des personnes en situation d’exil, des toxicomanes, des sans-abri… Et Mouais, rassurez-vous si vous n’êtes pas de Nice, ce n’est pas qu’un journal local : notre mensuel, reconnu d’information politique et générale (IPG) par la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), a su se construire une audience allant bien au-delà de sa ville d’origine, bon nombre de nos abonné.e.s vivant d’ailleurs dans divers endroits de France voire d’Europe.

Mouais, c’est l’un des – trop – rares médias à se revendiquer d’une ligne éditoriale libertaire, c’est à dire anti-autoritaire, une pensée encore négligée en France, mais qui permet de faire entendre et connaître une grille d’analyse ancrée de plain-pied dans les diverses luttes d’émancipation contemporaines, qu’elles soient féministes, écologistes ou encore LGBTQI+. Mouais, il s’agit de contenus, riches et variés (osons le dire), alliant enquêtes, reportages, billets d’humeur et entretiens, permettent à tout un chacune et chacun d’y trouver son compte, ce qui assure à nos publications en ligne un certain succès. Nos séries d’entretiens, par ailleurs, donnent à découvrir la pensée de figures universitaires, littéraires ou médiatiques reconnues dans leur domaine : Corinne Morel Darleux sur la « bifurcation », Guillaume Meurice sur l’audiovisuel public, Ludivine Bantigny sur l’histoire du mouvement féministe, Mathieu Rigouste sur les violences policières, Gwenola Ricordeau sur l’abolition de la police…

Mais il y a encore mieux ! Soucieux de ne pas se focaliser sur l’actualité française et de traiter également des thématiques, notamment féministes et liées aux divers combats pour l’émancipation, liées à d’autres endroits du monde, Mouais propose depuis un an désormais des séries de reportages à l’étranger, notamment au Liban mais aussi, plus récemment, au Kurdistan syrien et dans la ZAD allemande de Lützerath.

C’est donc pourquoi, en vérité nous vous le disons : Mouais ne doit pas mourir. Oseriez-vous laisser dépérir un chat noir aussi attachant et essentiel ?

Donc, une seule solution ! Chaque euro compte et sera dépensé pour que vive la presse libre.

Tous les dons à notre association ouvrent droit à la défiscalisation, 75% pour les dons inférieurs à 1000 euros, 66% pour ceux supérieurs a 1000 euros.

La cagnotte pour nous soutenir est ici : https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-reconnaissance-des-medias-alternatifs-arma/formulaires/4

Et pour s’abonner, si le cœur vous en dit, c’est ici : https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-reconnaissance-des-medias-alternatifs-arma/boutiques/abonnement-a-mouais