COP 26 : les grandes nations de ce monde se sont mises d’accord sur un objectif à +2,4°C. Et ils s’applaudissent.

Dans le Mouais n°21 (octobre 2021), nous nous interrogions sur l’éternelle procrastination de nos paraplégiciens (pratique néolibérale consistant à rester pétrifié dans une position léthargique alors que tout s’écroule) dans les actions à entreprendre afin de limiter le changement climatique et l’anéantissement de la biodiversité. Depuis, il y a eu deux COP et un Sommet de la terre (à l’activité proche des volcans d’Auvergne), sans parler des Assises de l’économie de la mer à Nice-patrimoine-Unesco. Et alors tout a changé, une prise de conscience généralisée a contaminé toutes les grandes puissances de ce monde ; on peut dire que la partie est gagnée, Greta peut joyeusement s’enflammer !

Ben oui, on peut ovationner nos décideurs qui, au bout de deux semaines de tractations, de magnifiques discours la main sur le cœur (celui de Jeff Bezos était très touchant, vibrant, engagé pour « sauver la planète »), d’expressions larmoyantes et constats alarmistes (oh mon Dieu, on détruit le vivant ?!), se sont engagés à abandonner le financement de tous projets d’énergie fossile. Victoire éclatante, tellement brillante que ça brûle les yeux ! Enfin, pas tout à fait… Il suffit simplement d’« accélérer les efforts vers la sortie de l’énergie au charbon sans systèmes de capture (de CO2) et des subventions inefficaces aux énergies fossiles ». Sortir des « subventions inefficaces », c’est un peu molasse comme objectif, mais disons qu’on peut évidemment leur faire confiance pour évaluer à qui verser de l’argent public et pour sanctionner les affreux pollueurs. Mais sortir de « l’énergie au charbon sans systèmes de capture », ça pourrait paraître assez éloigné d’une vraie rupture dans l’esprit de certains islamogauchistopipi.

Là, vous vous dites : mais bon sang, il fallait juste y penser plus tôt ! Au lieu de continuer à gazer la terre au CO2, il suffit donc juste de capter toutes les dégueulasseries qu’on envoie d’habitude dans l’atmosphère et hop, un ciel tout bleu. Nos enfants pourront enfin s’enivrer d’un air pur, oxygéné, vivifiant, laisser le vent onduler leurs blonds cheveux, avant de les laver sous une cascade d’eau claire aux parfums entêtants de gel douche Ushuaïa. Vous imaginez cette vilaine cheminée-dragon qui crache perpétuellement sa fumée bien grasse et noirâtre ? Ben, un absorbant kleenex géant sur l’ouverture, et l’affaire est réglée.

Mouais, en fait ce n’est pas si simple. Les technologies du Carbon Capture and Storage (CCS) existent depuis trente ans ; grâce à elles on devait limiter le réchauffement de la planète à 2°C d’ici 2060 (selon l’Agence internationale de l’énergie) en avalant le CO2 de la sidérurgie, cimenterie, raffinage, chimie, pétrochimie, le transportant et l’enfouissant sous terre. À ce jour, seuls 5% des émissions de CO2 de la France sont stockés chaque année (1 pour 1000 dans le monde). Les procédés se nomment postcombustion (extraction avec des solvants sûrement très propres et fleuris), oxycombustion (combustion avec de l’oxygène naturel tout frais) et précombustion (transformation du combustible en gaz de synthèse vert et écolo-arc-en-ciel).

La Commission Européenne parle d’échec de cette stratégie après avoir versé des millions d’euros dans des projets avortés à cause du coût global (rien que le captage représente environ 60% du coût) et du refus des populations à voir enterrer sous leurs pieds de nouveaux déchets, parce qu’ils ont probablement peur de fondre sur place ou d’être avalés par un sol mouvant, ou bien tout bouffés par des vers de sable mutants. On parle également aujourd’hui de « stockage géologique offshore », en mer donc… qui triple juste le coût de transport et d’enfouissement, mais les chefs d’état y croient, d’autant que d’autres techniques de CCS sont expérimentées (avec des produits chimiques inoffensifs-bios et des solvants plus puissants mais insoupçonnables).

Cette solution ne peut pas être opérationnelle à l’échelle du globe ? Mais bien sûr que si, d’ailleurs Total prouve qu’il essaie de mettre en place un peu de capture-stockage, même si cela ne représente qu’une infime partie de sa pollution. Ainsi, les précieuses subventions deviennent « efficaces » et le tour est joué. Et puis, la COP26 prévoit la possibilité d’aménagements pour « circonstances nationales particulières » (par exemple : interdiction de jeter tes déchets dans la Méditerranée, sauf si tu n’as pas d’autres mers à moins de dix kilomètres). De quoi décontracter les grands industriels qui peuvent poursuivre jovialement leurs vertes activités.

Un bouleversement, une réunion cruciale qui débouche sur une révolution ! Et puis, dégainez vos agendas et faites chauffer vos jets : un nouveau rapport du GIEC, un autre compte-rendu sur la biodiversité et une nouvelle COP sont prévus en 2022. Des rendez-vous cruciaux, étapes primordiales dans le combat climatique, plein de nouveaux discours poignants à la voix chevrotante et photographies de dirigeants devant des fontaines à vœux, vous allez voir ce que vous allez voir !

Soyons détendus, nous COPulerons très prochainement dans le meilleur des mondes possibles !

Par Bob

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