On va sans doute croire qu’on est un peu obsédé avec Nice-Matin. Mais faut dire qu’il cherche aussi. Malgré toutes ces années, ils parviennent encore à nous surprendre. Dernier article « j’ai-besoin-de-relire-tellement-c’est-gros » en date : « Le pass sanitaire n’est plus à la carte dans certains restaurants ». Que voici ci-joint.

Bon, l’auteur signe courageusement F.M., mais pas de bol on connaît un peu la maison Nice-Matin et puisque lui ne se gêne pas pour dénoncer tous les restaurants qui ne contrôlent pas le pass sanitaire on va tenter un truc : Frédéric Maurice, rédacteur en chef de l’édition de Nice, est-ce bien toi ? Et même si ce n’est pas toi, comment cautionner un tel article en tant que chef d’agence ? De nombreux manifestants vous traitent de collabos ; avec de telles performances, ça va être difficile de les appeler à la nuance.

Que dire du reste, la lecture seule de l’article n’a pas tant besoin de commentaires : l’immondice se suffit à elle-même. Délation (la description des lieux est telle qu’on distingue assez facilement les établissements en question), mépris (antivax au resto car nombre de manifestants en baisse, non mais sérieux), enfilade de clichés (le quinoa c’est bobo), mise en scène grotesque (« d’ordinaire, je bosse comme un acharné mais là je suis au resto pour vous public ») pour aller vérifier sournoisement ce que vous auriez pu demander tout simplement aux commerçants en question. Et qui vous auraient sans doute répondu que leur boulot c’est de servir à boire et à manger, pas de fliquer la population.

Et que le pass sanitaire est un régime d’exception dangereux, qui fissure la société et remet en cause un certain nombre de libertés fondamentales, auquel on commence à s’habituer, sans broncher. Peut-être auraient-ils dit cela. Ou pas. On ne saura pas, vous ne leur avez pas demandé.

Du coup quelques petites questions tout de même : quel est l’objectif de ce papier ? Depuis quand c’est à la presse de faire le travail des keufs ? Le « journaliste » qui a rédigé ce truc infamant passe aussi ses journées dans le train pour Vintimille pour balancer les gens qui tentent de passer la frontière ? Il dénonce les fraudeurs du tram ? Il s’incruste dans des écoles pour cafter les gamins qui trichent à chat perché ? Il ne me semble pas que le journaliste a vocation à faire respecter la loi en dénonçant tous ceux qui ne la respectent pas. Mais bien à porter à la connaissance des citoyens des faits d’intérêt public afin d’étayer leur esprit critique, et d’assainir le débat public. Et quand les journalistes soulèvent des lièvres, cela doit surtout se faire au nom de l’intérêt public.

Peut-être les quelques commerçants ne respectant pas le transfert de pouvoir de police délirant sur leur clientèle, en abolissant le secret médical, rentre sans doute dans ces cases-là pour vous. Pas pour nous. Simple question de point de vue. Aller fouiller du côté des grosses entreprises, des pouvoirs publics, des dominants en somme, qui eux se torchent régulièrement avec les lois qu’ils font voter nous paraît plus accolé à une certaine vision du journalisme. Question de point de vue.

Et lorsque parfois, vous allez contre la doxa gouvernementale, vous vous en excusez ! Cela rappelle un article de Nancy Cattan du 16 janvier 2021, qui après vérification des chiffres officiels erronés du Covid en PACA (huit mois après), s’était aperçue, ô surprise, d’une divergence entre la réalité des hôpitaux (Véran sort de ce corps) et ceux de Santé publique France. Elle s’était ensuite presque excusée d’avoir fait son boulot dans un mini édito juxtaposé à l’article en question. Car, voyez-vous, cette divergence entre chiffres officiels et chiffres réels pourraient alimenter les théories complotistes de tout genre. C’est vrai, quelle idée : depuis quand un gouvernement ment ?

On vous propose de renommer votre sous-titre : « Fort avec les faibles, faibles avec les forts » en lieu et place de « Réseau social depuis 1945 » (sic)…

Allez, c’est de bonne guerre, et puis nous on s’imagine toujours en contre-pouvoir à Mouais. Pourtant, a priori, nous ne sommes pas censés être le contre-pouvoir d’un contre-pouvoir. Mais puisqu’il semble que Nice-Matin a abandonné cette position il y a fort longtemps, si tant est qu’elle ne l’ait jamais eue, alors cela valait bien une petite pichenette niçoise entre confrères. Paraît-il nous faisons le même métier. Quoique…

Signé MLM et MD