Un embryon de lutte étudiante, à peine apparu, est aussi vite étouffé… Hier au soir, le mouvement d’occupation de la Sorbonne a été brutalement réprimé. Et aujourd’hui, la faculté de Nanterre, où j’étudie, a été évacuée et fermée sans aucune explication. Pourquoi ? Parce que le président a décidé qu’il fallait qu’on ferme notre gueule avant de l’ouvrir ! Malin…

Jeudi 14 avril, dans la continuité de l’AG de 13h à la Sorbonne, un rassemblement a lieu sur la place du Panthéon à 18h pour la régularisation et l’inscription de tous les réfugiés et en soutien aux occupants de la sorbonne. Les prises de paroles des représentants de syndicats et d’associations étudiantes s’enchainent, mêlant actualité politique, inquiétude face au fascisme qui vient et formulation de revendications. La place est remplie d’étudiants et d’étudiantes venues des facs de Paris et de sa banlieue. L’ambiance est à la discussion et à la réflexion. Des Gilets jaunes sont également présents. Ils disent partager la colère du résultat du 1er tour des élections.

Un peu avant 19h une fois les prises de paroles terminées, le rassemblement quitte la place et rejoins la rue pour une manifestation « sauvage ». Le slogan « Siamo Tutti Anti Fascisti ! », les bras formant un « v », semble revenu plus que jamais au goût du jour. Cependant, le périmètre de l’établissement est entièrement bouclé par les forces de l’ordre, et les occupants se retrouvent bloqués à l’intérieur. « Libérez nos camarades ! » Le cortège en signe de protestation se dirige vers une entrée du bâtiment rendue inaccessible par une ligne de CRS. Les slogans redoublent en intensité et résonnent dans la rue au rythmes des claquements de main et de pieds sur un Algeco perdu.

Les sommations s’enchainent, les premiers jets de gaz sont lancés, et c’est alors parti pour une course-poursuite dans le quartier. Les touristes et flâneurs parisiens regardent la scène ahuris, certains poussent des cris. Les CRS ne s’embêtent plus, les badeaux et les bus de la RATP traversent les nuages de lacrymo. La manif’ n’aura pas duré longtemps, puis l’arsenal de CRS, de lacrymos et de coups de matraques se terminera classiquement et en beauté par l’arrivée de la BRAV-M.

Toujours la même chanson répressive. Elle s’étale et retentit de partout et pour tout. On a peur, et personnellement je commence à en avoir vraiment marre, de cette gestion déplorable, autoritaire, violente, du maintien de l’ordre, traduite par des attaques systématiques ou un « encadrement brutal » de tout évènement survenant dans l’espace public. Il y a deux semaines au carnaval de Montreuil avec la fanfare dont je fais partie, samedi dernier dans la nasse interdite mais habituelle du cortège de Gilets jaunes parisiens, hier lors d’une action étudiante. Et il va falloir tenir encore 5 ans à ce rythme-là ?

Aujourd’hui, je vais à la fac de Nanterre pour travailler à la BU, et quelle n’est pas ma surprise quand je constate que tous les bâtiments ont été évacués et fermés. Evidemment personne n’a été prévenu, et sur place personne ne sait véritablement pourquoi.

Moi je sais. Parce que le président a décidé qu’il fallait qu’on ferme notre gueule avant de l’ouvrir ! Malin…

Et pendant qu’à la Sorbonne la police chargeait les étudiantes, à Science-Po, et à Montpellier, ce sont les brigades fascistes cagoulées qui sont brutalement sorties de leur trou. « Face à l’inaction des directions et de l’Etat nous avons pris les choses en main : le blocus de SciencesPo vient d’être évacué par nos soins », a-t-on pu lire sur le tweeter de la Cocarde Etudiante, un syndicat proche du Rassemblement National. Ainsi, ce que ne fait pas la police de Macron, ce sont les fascistes qui s’en chargent : quel beau symbole de là où en rendue la démocratie française en ce pitoyable second tour…

Par Le Grande Timonière, étudiante à Paris et journaliste à Mouais

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