Deuxième volet de notre reportage sur le fonctionnement de cette contrée mystérieuse nommée Estrosie –qui doit aussi nous alerter sur les politiques menées dans les autres grandes métropoles. Ici, nous nous intéressons aux liens troubles qui unissent la mairie et les grands du BTP, faisant des bétonneurs les maîtres de la ville, et contredisant le discours et les promesses faussement « écologiques » de Christian Estrosi. Une enquête de Mačko Dràgàn.

Octobre 2021. Journée de chantier dans les jardins, sous un grand ciel bleu d’automne. Le vieux camion-benne Mazda pétaradant de mon pote Richard arpente la forêt d’immeubles de la plaine du Var, dans les alentours du stade de foot. De retour de la pépinière chargés de plantes et de terreau, nous regardons, désolés, le béton qui grignote inexorablement une plaine alluviale des plus fertiles du pays, et où ne poussent plus que les billets verts destinés aux poches des grand seigneurs (les « boyards », comme on dit chez mes aînés Roumains) du Bâtiment & travaux publics, BTP pour les intimes. Bureaux, hôtels de luxe, résidences de standing, parkings, beaucoup de ces bâtiments sont à moitié vides, dans ce vaste ensemble peu judicieusement nommé « éco-vallée » et qui rassemble le Grand Arénas et Nice Meridia, sorte de copie informe et déserte du quartier de la Défense et se voulant à la fois zone d’affaires et incubateur de start-up, l’aéroport Nice-Côte d’Azur, le troisième plus gros de France, dont une extension est toujours envisagée et suscite une vive opposition locale, le tout nouveau stade Allianz-Riviera, ainsi que diverses grosses entreprises, comme Ikéa, qui vient d’y mettre tout fraîchement les pieds après la mise en échec d’un collectif d’opposants à cette implantation, et bien sûr Amazon, discrètement installé entre les laboratoires Virbac et Schneider Electric, à Carros.

Évitant la nationale, notre camion prend les petits chemins de traverse pour retourner vers le centre ; nous avons le temps. Ici où là, des petites maisons niçoises traditionnelles, avec leurs oliviers, leurs agrumes et leurs potagers, témoignent de ce qu’était la plaine il y a quelques décennies encore. Quand les proprios mourront, ou qu’ils souhaiteront vendre pour fuir l’invasion du béton, la mairie pointera le bout de son nez pour reprendre les terrains et les revendre à des promoteurs, selon une méthode éprouvée depuis les riches heures des années Médecin (lire chapitre 1, Mouais n°22), où la ville s’était couverte de grands chantiers –notamment, déjà, au Grand Arénas- faisant le bonheur des entreprises du BTP amies de la mairie et des apprentis promoteurs ayant flairé le bon coup. Une époque où Le Monde, reprenant le nom du film Main basse sur la ville, avait titré : « Main basse sur la Côte d’Azur ».

Les grands seigneurs du béton règnent sur Nice, aidés par une mairie pire que complaisante : consanguine, avec ces milieux. Alors que Christian Estrosi, après avoir déclaré « nous le redoutions, mais le 6ème rapport du GIEC est sans appel sur l’urgence d’avoir une action publique davantage orientée vers la lutte contre le réchauffement climatique », a récemment présenté ses tout nouveaux plans pour « accélérer la transition écologique de Nice », plans qui prévoient notamment de planter 280.000 arbres car c’est à la mode, penchons-nous un peu sur ces liens mystérieux unissant ces géants nommés ici Fayat, Vinci ou Bouygues, et notre chère mairie si verte de notre si belle ville de rouge et d’ocre où il fait si bon vivre –du moins, tant que le béton ne nous empêche pas encore totalement de respirer.

Quand y en a PLU (y en a encore) : chronique du saccage de terres agricoles

Quelque temps plus tôt, début septembre. Vers les 10 heures du matin, j’avance d’un pas décidé entre les divers étals du marché de la Libé, au nord du centre-ville de Nice, où hélas, pour les raisons citées plus haut, priment de plus en plus les acheteurs-revendeurs en gros, les agriculteurs cultivant et vendant leur propre production n’ayant pas la vie facile ici. Je salue les potes Léo et Christopher, qui jouent des airs de flamenco pour les passants, et m’assois à une terrasse. Mon rendez-vous me rejoint bien vite, un jeune type, L. (R., du premier chapitre, s’étant finalement débiné, comme du reste de nombreuses personnes croisées lors de cette enquête, j’y reviendrai dans le dernier chapitre). Nous nous retrouvons pour parler de bétonisation ; un sujet dont, pour bosser dans la construction, il a pas mal à dire, notamment sur les coulisses peu reluisantes de le toute-puissance des entreprises du domaine sur cette Riviera encastrée entre mer et où montagne, où la question du bâti et des terres constructibles fait donc l’objet d’intenses querelles de pouvoir –et de sournoises manipulations.

Nous en venons rapidement à parler de la fameuse « éco-vallée niçoise ». « Le PLU [plan local d’urbanisme], c’est le bras armé de la politique municipale », affirme L. en sortant une clope de son paquet. PLU, quèsaco ? Il s’agit du principal document de planification de l’urbanisme au niveau communal, un projet global d’aménagement qui, sous couvert de quelques vagues promesses de respect du « développement durable » (on y reviendra), permet de choisir où, comment et pour qui seront débloqués les sousous, notamment venus de l’État dans le cadre des dotations aux collectivités, qui serviront à construire la ville de demain : iront-ils à Vinci pour construire de grands parkings, ou à des investissements pour la création de vastes jardins partagés ? Le suspense est total.

Sur le papier, le PLU[1] est censé se mener en concertation avec les habitantes et habitants de la commune en question, et, méconnu, il est cependant d’une importance fondamentale, posant de lourdes questions de gestion –osons dire : de démocratie- locale. Ainsi, pour exemple, à Saillans, dans la Drôme, c’est un désaccord frontal avec la nouvelle version du PLU qui a entraîné en 2014 la prise de pouvoir du peuple au travers de la création d’une liste citoyenne victorieuse. Mais en Estrosie, la façon dont la mairie s’occupe de tout ceci est très loin d’être démocratique : les enjeux sont trop importants, et il ne s’agirait pas que des collectifs d’habitant.e.s mécontent.e.s ne viennent « zbeuler » le business des grands promoteurs. D’autant qu’à Nice, ce PLU très orienté, on va le voir, vers les grands noms du BTP, se cumule, dans toute la plaine du Var, à une OIN (oui pardon, dans ce chapitre ça va être la fête du sigle, j’en ai déjà mal à la tête), une opération d’intérêt national, à savoir une opération d’urbanisme dotée d’un statut juridique d’exception liée à un « intérêt majeur » qui fait que l’État y reste présent –notamment au niveau financier… Et juridique, donc, car les OIN permettent aussi, c’est bien pratique, de faciliter les procédures de récupération des terres et d’expropriation, par exemple des maraîchers de la plaine, dont les contestations ont été promptement réglées dans les tribunaux administratifs.

Mais vous vous demanderez sans doute quel est « l’intérêt majeur » dans le fait de couvrir de goudron et de béton une plaine fertile ? Et effectivement, la question se pose, elle se pose même gravement. En outre, jusqu’au premier mandat d’Estrosi, département et municipalité étaient face à un gros problème : la plaine du Var, où ils souhaitaient développer tous leurs grands projets d’urbanisme, était classée « zone inondable » « rouge », et il était donc interdit d’y construire que ce soit. Alors comment qu’on va faire, doudou dis donc ? Pas de soucis, en Estrosie il y a toujours une solution.

Premier tour de passe-passe : en profitant du Papi (pas votre grand-père, le programme d’actions de prévention contre les inondations), les collectivités ont engagé des travaux, renforçant les digues et réalisant des aménagements du lit du fleuve capricieux afin de limiter les risques d’inondation. Et ainsi, comme le rapportent les copaines de Bastamag dans un article complet sur la question, ce Papi sympa a permis, « par la suite, de modifier le classement des zones inondables alentours : considérées comme mieux protégées par ces opérations, elles peuvent être « déclassées » »[2]. De quoi, comme on peut le voir sur un document de 2008, potentiellement faire passer, suite aux aménagements, de très nombreuses parcelles du rouge (inconstructibles) au bleu (constructibles sous conditions), notamment, magie, dans « la zone proche de l’aéroport, hautement stratégique, mais aussi la zone industrielle de Carros, plus au nord dans la vallée ». C’est Ikéa et Amazon qui vont être contents.

Deuxième tour de passe-passe, et celui-là est assez incroyable :  entre 2005 et 2007, alors qu’il est de passage, grâce au soutien de Sarkozy, dans le gouvernement de Villepin en tant que ministre de l’Aménagement du Territoire, Estrosi fait pression pour faire accéder le projet ÉcoVallée de la plaine du Var, auquel il tient tant, au statut d’Opération d’Intérêt National. Une façon pour le Niçois, qui n’est pas encore maire (il est élu la première fois le 21 mars 2008) mais sait déjà, ou se convainc, que le fauteuil de Peyrat, en grande difficulté, sera bientôt pour lui, de s’assurer que ses puissantes ambitions locales recevront un soutien sans faille de l’État, au niveau juridique tant que financier, répétons-le. Il quitte le ministère le 15 mai 2007 pour partir en campagne, s’empare des clefs de la ville un an plus tard, et obtient le statut OIN pour l’EcoVallée dans la foulée : la bétonisation de la plaine peut commencer. Sur un territoire de 10 000 hectares, incluant 15 communes, une paille.

« La méthode de la mairie, là-bas, est simple : rendre constructibles des terres achetées peanuts et les revendre aux promoteurs », me résume L. tandis que le serveur nous amène deux autres cafés. « Tous ces chantiers sont inutiles », pour L., qui critique vivement une politique urbaine basée sur une « vision à court terme » dans une ville « dénuée de contre-pouvoir industriel », et qui souffre d’un problème endémique de manque de place. J’ai parcouru pour vous le tome 3 du PLUm, titré « Justification des choix du PLU métropolitain »[3], un grand moment de bonheur, et je suis même pas payé pour ça bordel. La principale justification du PLU ? « 26 540 logements, arrondis à 27 000 logements nouveaux, seront nécessaires pour répondre aux besoins en 2030, soit une production estimée à 2 300 logements par an ». Et pour ça, il va falloir en passer par l’OIN, même si, dans une ville qui comptait déjà 8,7% de logements inoccupés en 2016 selon l’INSEE, un chiffre sans cesse en augmentation, soit le pire score français, on peut se dire qu’il y a moyen de trouver de la place. Mais allez, admettons : il faut construire des maisons.

Sauf que ce ne sont pas principalement des logements qui poussent dans la plaine. Car en fait, le long du fleuve, des « incubateurs à start-up » aux hôtels standing en passant par les zones indus’ puantes, l’inutile a une forte tendance à se mélanger au disgracieux.

La « Silicon Valley niçoise » (surnom de Nice Meridia) ? « Il y a déjà Sophia Antipolis », dit L. –et effectivement, on peut se dire que le pôle technologique de Sophia, non loin de Nice, vaste et bien pourvu, était déjà en soi suffisant. D’autant que pour le moment, pas grand-monde ne semble être venu frapper à la porte, à part il est vrai le tout nouveau propriétaire du quotidien local Nice-Matin, Xavier Niel, qui y a installé son École 42, une école informatique, moyennant la mise à disposition gratuite de locaux (280.000 euros de valeur locative) et le petit cadeau, par la mairie, d’une « aide au financement » de 308.000 euros, car à Nice, on sait recevoir les millionnaires. L’établissement a par ailleurs récemment traversé une crise pour des affaires de harcèlement, d’exhibitionnisme, de détournements et de comptes offshore ayant entraîné l’éviction de son directeur, ainsi que Mediapart l’a révélé en avril 2019 dans un article de Laurent Mauduit. Une belle réussite !

Et bon nombre des autres grands travaux prévus dans le cadre de l’OIN ont été passés au crible d’un collectif local en butte à la bétonisation, le Collectif associatif pour des réalisations écologiques 06 (CAPRE 06), qui vise à « contribuer au nécessaire débat démocratique sur les grandes orientations environnementales qui conditionnent notre avenir à tous ». En 2018, ils sont notamment parvenus, avec le soutien de la Fédération régionale PACA des associations de protection de la nature, à obtenir l’annulation, par le tribunal administratif de Nice, de l’autorisation préfectorale du transfert des marchés d’intérêt national (MIN) de Nice à La Baronne, en raison… d’absence d’étude d’impact Natura 2000 sur cette zone. Vous avez bien lu : aucune étude d’impact environnemental, pour un projet en apparence inutile puisqu’il s’agit de déplacer un bâtiment déjà existant (dans le but de le remplacer par un gigantesque palais des congrès), n’a été menée ; et le jugement d’annulation, en date de janvier 2018, précise: « Le projet d’implantation autorisé par l’arrêt attaqué, qui s’ajoute aux autres projets d’aménagement de la plaine du Var, est susceptible d’affecter de manière significative la zone de protection spéciale dite Basse – Vallée du Var ». En effet, il était question de supprimer pas moins de 30 hectares de terres agricoles : à Nice, dans un futur proche, faute de courges, on mangera du béton.

Et quid du fameux stade « Allianz Riviera », dont on a beaucoup causé grâce à Élise Lucet et dont on recausera un peu plus loin ? Lancé en urgence, à grands coups d’expropriations, dans l’optique de la participation de Nice à l’Euro 2016 de foot masculin, considéré par beaucoup comme disproportionné, on y reviendra, ayant nécessité la création d’une nouvelle voie de 40 mètres de large sur 8 km de long afin d’être relié au centre-ville, et inauguré en 2013, ce stade, lui non plus, ne brille pas par son utilité : il existait en effet déjà un stade à Nice, le stade du Ray, -auquel les Niçois, par ailleurs, étaient très attachés. Et une nouvelle fois, ce sont des terres agricoles, et celles et ceux qui s’acharnent à les cultiver, qui ont été sacrifiés sur l’autel du pognon, pour la plus grande gloire des bétonneurs.

La plaine du Var est pourtant la plus grande zone agricole d’un département où, malgré un microclimat propice, l’agriculture est cruellement sous-développée, et les petits exploitants (à Mouais, on en connaît quelques-uns), en galère. En dix ans, un tiers des surfaces agricoles a disparu, dévoré par la spéculation foncière. Fleurs, légumes sous serre, fruitiers, vignes, oliviers, le potentiel de la plaine est énorme ; d’autant que, comme le rappelle le CAPRE 06 sur son site[4], deux spécialistes des sols, Lydia et Claude Bourguignon, invités par ce collectif à donner leur avis sur ces terres, les ont tenues pour « les plus propices au maraîchage » du pays, avec celles du bassin parisien et de Nantes.

Lors du début des travaux dans le cadre de l’OIN de la bien mal nommée EcoVallée, Christian Estrosi, ce grand écolo, cet ami des fleurs et des animaux, s’était engagé à « préserver et valoriser l’agriculture dans la plaine du Var. … », et avait affirmé se « refuse[r] à tout bétonnage sur les terres agricoles ». Le résultat, c’est ce paysage mentionné en début de chapitre, cette morne plaine saccagée où subsistent encore, çà et là, quelques serres et de maigres potagers, voués inexorablement à disparaître sous l’essor du béton et de la voracité des promoteurs. Les agriculteurs ? Comme le rapporte Pierre-Olivier Casablanca, journaliste à France 3, dans un article de 2018, « pour empêcher les agriculteurs de s’installer, une pratique très fréquente existe : la rétention foncière des terres agricoles. Dans la plaine du Var, de nombreux terrains ont été mis en friche. L’Établissement public d’aménagement Nice EcoVallée (EPA), qui gère aujourd’hui la plaine du Var, assure que ces terres ne deviendront pas constructibles, mais une étude universitaire révèle de bien curieuses pratiques. Un comparatif très précis parcelle par parcelle démontre comment une terre agricole peut se transformer. Au fil du temps, un champ est, par exemple, devenu un parking. Selon cette même étude, seules 18% des parcelles classées en zone agricole de la plaine du Var seraient à ce jour cultivées. A ce rythme l’agriculture, dans cette zone, est promise à une mort certaine dans un avenir très proche. »[5]

La plaine devient donc un « waste land », pour rendre hommage au poète T.S. Eliot, une « terre gaste » (ou terre vaine) où trônent les nouveaux seigneurs de la Côte d’Azur, de grands groupes privés qui ont pour nom BNP Paribas Immobilier, IBM, Orange, CISCO, Demetech, EDF, GDF Suez et Veolia, Cogedim, Linkcity (une filiale de Bouygues Construction), sans oublier bien sûr Vinci et Fayat, les deux principaux et tout-puissants bétonneurs du coin. Et la mairie et l’État ont beau jeu de se réclamer de la construction « d’EcoCité » ou d’un « New Ecological Office » (Neo), combinant bureaux, hôtel, commerces et salle de sport : les courbures élégantes de ces bâtiments high-tech ne pourront pas faire oublier le charnier écologique sur lequel ils ont été construits.

Dans le béton, tout est bon ? Bienvenue à béton-city

Retour à la place de la Libé, où baguenaudent des Niçois venus acheter leurs rations de légumes venus du Pérou et leurs tomates espagnoles hydroponiques. L. et moi recommandons un troisième café. Il me parle du fonctionnement du milieu du BTP ici, où l’hégémonie de quelques grands groupes intouchables, choyés par la mairie, donne à ces bétonneurs carte blanche pour imposer leurs caprices. « C’est sous le deuxième mandat d’Estrosi que tout a fusionné », pense-t-il se souvenir, parlant du rachat des entreprises locales de BTP par des géants mondiaux, Triverio et Dumez ayant par exemple été rachetés par Vinci. « Ne cherche pas. Derrière presque tous les chantiers que tu vas croiser, même si l’entreprise a un autre nom, tu vas surtout retrouver Fayat et Vinci. Tu ne peux pas leur échapper ». Ainsi donc, Vinci, basé à Nanterre, deuxième entreprise mondiale de la construction, la société qui a escroqué tous les Français avec ses autoroutes, avec un chiffre d’affaires de 48,053 milliards d’euros en 2019, et Fayat, quatrième groupe mondial, qui selon Wikipédia, « s’est construit par le rachat de très nombreuses entreprises du BTP et de l’industrie », effectivement, dirigent désormais la ville, en partenariat avec le copain Bouygues qui n’est jamais très loin non plus.

« Et du coup, voilà. Au lieu de profiter à des boîtes locales, l’argent part à Paris, ou je ne sais où, et aux actionnaires », soupire L. Lui essaye de ne plus bosser avec Fayat et Vinci. Car, me dit-il, « leur but, c’est de serrer au max le kiki aux sous-traitants ». Collant une pression monstrueuse aux petites entreprises, ils « prennent tous les chantiers, tous, tous les appels d’offres, avec les devis les plus bas. Et si sur certains, du coup, ils gagnent pas grand-chose, ils s’en foutent, ils sont à échelle nationale ou mondiale, ce qu’ils perdent d’un côté, ils le rattrapent de l’autre. Leur but, c’est d’occuper l’espace » Et, en conséquence « nous, tous les autres, on ramasse les miettes », pendant que les « big ones », avec leurs devis au rabais, se chargent d’imposer leurs règles, et leurs tarifs, aux sous-traitants qui bossent pour eux.

Et si le moindre souci, dû aux pressions, au fait de demander à ces petites ou moyennes boîtes de faire le plus avec le moins, si la moindre malfaçon apparaît, ne cherchez pas, ni Fayat ni Vinci ne pourront être tenus pour responsables, ils s’en laveront les mains comme Pilate et vous laisseront vous démerder tout seul. « Chez Vinci, c’est des bêtes, leurs avocats. Il faut lire les contrats huit fois, et ils arriveront toujours à te la faire à l’envers, ils sont intestables ». Et de citer l’exemple d’un contrat-type Vinci où était stipulé qu’en cas de problème, aucun recours envers le mandataire des travaux n’était possible. Sans pleurer misère sur les boîtes de BTP locales, la vie n’est donc pas forcément facile pour elles. « Beaucoup d’appels d’offres, je n’y réponds plus, me dit L.. Monter un devis, c’est du temps, c’est de l’argent, c’est pas payé, et généralement c’est toujours les mêmes qui obtiennent le marché », quitte, comme je le disais juste au-dessus, à casser les prix et à devoir ensuite faire répercuter cette casse sur le dos de ceux à qui on déléguera les travaux.

Tout ce discours tranche beaucoup avec un autre, celui de Christian Estrosi, ce « gars du pays » autoproclamé qui aime chanter son amour pour les entreprises locales et sur tout ce qu’elles apportent à notre belle région. La réalité est tout autre. A Nice, une poignée de grands groupes mondiaux bétonnent à tout vent en faisant régler leurs lois sur les boîtes du coin, et empochent les millions que leur verse la municipalité –sans oublier de lui faire payer un peu plus, voire d’empocher de solides intérêts, au passage. Car tous les devis de ces groupes ne sont pas au rabais, loin s’en faut : pour certains grands chantiers, initiés par la mairie, et notamment dans la plaine du Var, ils ont su mettre les petits plats dans les grands. Le meilleur exemple de ce genre de pratiques est bien sûr le cas d’école qu’a représenté à l’époque la construction du fort coûteux stade « Allianz Riviera » (nommé sans doute ainsi en hommage à Jacques Richier, PDG d’Allianz et, à la mairie de Nice, conseiller municipal délégué à l’économie, l’emploi, l’innovation et l’attractivité, on l’embrasse, cœur avec son conflit d’intérêt) par Vinci –et Bouygues, le capital du Conseil d’administration du Consortium Stade de France étant réparti entre Vinci à 67% et Bouygues 33%,

Revenons quelques années en arrière. En octobre 2016, l’Estrosie est en émoi, et le monarque local est furieux : « Cash investigation », la célèbre émission d’Elise Lucet, sur France 2, vient d’enquêter sur les marchés publics niçois, et le bilan n’est pas rose –c’est d’ailleurs le titre de l’émission : « Marchés publics, le grand dérapage ». En cause, notamment : le PPP (non, pas notre dessinateur), ou Partenariat public-privé, réalisé entre Vinci et la mairie de Nice afin de financer la construction du stade. Pour mémoire, un PPP est une technique de financement fondée sur une délégation de service public, et sur un principe assez simple : celui qui construit, finance. Avançant les fonds nécessaires aux travaux, le groupe privé ayant réalisé l’accord devient ensuite possesseur du bâtiment, jusqu’à ce que l’organisme public ait remboursé les frais de construction, et les petits ou grands intérêts qui vont avec ; et c’est ainsi que Nice doit rembourser 12 millions chaque année pendant 27 ans à Vinci –soit la coquette somme de 372 millions d’euros, même si Cricri conteste cette somme. C’est une technique hélas fort répandue qui permet de gommer, certes artificiellement, les endettements publics. Problème : le privé emprunte à des taux toujours beaucoup plus élevés que le public. Ce qui fait, comme le rappelle Frédéric Marty, chercheur au CNRS spécialiste des PPP, dans le doc de « Cash investigation », qu’en réalité, dans le cas du nouveau stade, avec une « maîtrise d’ouvrage public et un financement 100% public, en achetant simplement un stade, la facture aurait pu être largement plus faible ».

Résultat de ce PPP un brin douteux : en janvier 2015 un rapport avait été publié par la chambre régionale des comptes (CRC) de la région Sud (PACA à l’époque), rapport sur lequel se fondait l’enquête de l’équipe de France 2, et qui jugeait cet équipement sportif inutilement démesuré, insuffisamment fréquenté (il n’a jamais rempli plus de la moitié de ses 35 000 places) et bien trop cher, la totale, une enquête préliminaire étant donc ouverte dans la foulée, la CRC indiquant que l’attribution du PPP du stade soulevait « des interrogations ».

Et les entreprises locales, me direz-vous ? Ont-elles au moins pu manger une petite part de ce gigantesque gâteau de plusieurs centaines de milliers d’euros ? Mèfi, comme on dit chez nous. « Vinci fait marcher les boîtes Vinci », comme me le dit L. Et, comme l’a reconnu finalement Vinci lui-même : « Le contrat [du stade] ne prévoyait pas de pourcentage à réserver à des PME locales ». Coup dur pour Estrosi qui, dans son effort d’allumer un contre-feu, avait affirmé que bien sûr, les entreprises locales avaient aussi été sollicitées, et que, évidemment, le contrat passé avec Vinci prévoyait un minimum de 40% de délégation à des entreprises locales, attendez, c’est plutôt 30% -et en fait, si des boîtes locales ont pu bosser sur le stade, cette obligation n’existait tout simplement pas. Non, les vrais gagnants, c’est comme d’hab’ : Estrosi, bien content de son beau grand joujou de béton ; Vinci, qui peut se vanter d’avoir fait une bonne affaire ; et n’oublions pas non plus Sylvia Colloc, présidente de Nice Eco Stadium, société par action gérant le stade, et décidément elle aussi bien douée en affaire puisqu’elle est par ailleurs directrice commerciale de PayByPhone, la société qui, à Nice, est chargé du paiement mobile du stationnement et des transports, c’est ce qui s’appelle bien savoir placer ses pions.

Et bien évidemment, les grands groupes n’auront aucun compte à rendre, sur le PPP comme sur tout le reste. Et si le moindre problème survient, aucun danger : Estrosi saura faire rempart de son corps pour protéger des géants du BTP bien-aimés. Comme quand il avait traité de « charlatan » un géologue au sujet des travaux souterrains de la ligne 2 du tram, confiés à Bouygues. Eric Gilli, ce casseur d’ambiance, avait alerté sur des risques d’effondrement liés au choix d’un tunnel, et dénoncé le surcoût induit par ce choix. Fatalitas : à l’été 2017, le tunnel en travaux s’est effectivement effondré. Quant à Cricri, il a été condamné pour « injure publique ». Ce qu’on ne ferait pas, pour les copains…

Côté finances de la ville, en revanche, le bilan demeure plus mitigé, Nice figurant encore et toujours, en 2020, dans le top 1 des communes de plus de 150.000 habitants les plus endettées, avec pas moins de 4.133 euros de dettes par habitant, tout en accédant en parallèle au titre tout aussi peu envié de 4ème ville la plus pauvre de France, avec 74 000 habitants vivant sous le seuil de pauvreté.

Mais de tout ça, ici, on n’en parle pas trop. Pas dans le milieu du BTP, en tous les cas, où c’est plutôt la loi du silence qui règne. « Y a pas grand-monde qui parle », souffle L. « Si tu l’ouvres, ici, tu es mort, économiquement ». Les géants bétonneurs maltraitent l’environnement et leurs sous-traitants, la ville se couvre se chantiers plus ou moins utiles qui viennent enrichir des multinationales plutôt que de dynamiser l’économie locale, mais effectivement, aucune parole forte ne se fait entendre du côté des entrepreneurs du coin, qui n’ont guère intérêt à se mettre mal avec la mairie. Et donc, tout va bien dans le meilleur des mondes.

Et pourtant, il y aurait à dire.  « Regarde le chantier du futur Ikéa, me dit L. Ceux qui bossent là-bas, c’est beaucoup de mecs exploités », tant le système de sous-traitance entraîne, sur le terrain, de lourds problèmes de dégradation des conditions de travail. Ce nouvel Ikéa, incluant 24 000 m2 d’espace de vente et un gigantesque parking de 2054 places, construit par Bouygues immobilier à proximité du stade Allianz Riviera, histoire de bien continuer à dégueulasser la plaine, s’est par ailleurs, comme c’est la coutume, imposé en piétinant la contestation des citoyens mécontents, ici en l’occurrence l’association « En toute franchise », spécialisée dans la lutte contre les abus de l’urbanisme commercial. Après l’échec d’un recours à la Cour administrative d’appel de Marseille, elle a été dissuadée de saisir le conseil d’État face à la menace d’un recours pour procédure abusive, assorti de dommages et intérêts à hauteur de près de 2,8 millions d’euros pour la ville de Nice, et 10 000 euros pour Ikéa. Démocratie et béton ne font décidément pas bon ménage.

L’hôtel Iconic, symbole et symptôme de l’idéologie urbaniste municipale

Et toutes ces logiques s’entrecroisent sur le tout nouveau chantier du projet Iconic, cette fois-ci pas dans la plaine mais plus près de nous, en plein cœur de ville, à côté de la Gare de Nice-Ville (à laquelle on donne le nom de sa rue, celui de l’assassin des communards, Adolphe Thiers), comme j’en ai eu de nombreux échos : sous-traitants non-payés, boîte locale (Spada en l’occurrence, à ne pas confondre avec TD Spada, qui appartient à Vinci) embauchée pour faire tout le chantier mais finalement dégagée après le terrassement au bénéfice d’une boîte moins chère localisée dans une autre région (emprunte carbone mon amour) … Sur les grands travaux, à Nice, on ne change pas ses bonnes vieilles habitudes.

Le projet ? Un gigantesque étron de verre, navré mais je ne vois pas d’autres mots, qui, sur un total de 18 300 m², accueillera des choses bien utiles aux Niçois, telles qu’un Hôtel Hilton de 125 chambres et 8 000 m² de bureaux ; le tout faisant partie d’une des principales étapes du Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD), un fort joli sigle sans doute inventé pour éviter de dire « gentrification ». Parce que l’avenue Thiers, quand je suis arrivé à Nice, à 17 ans, je m’en souviens bien, c’était une rue populaire, passante, peuplée de petites boutiques exotiques et de maints kebabs ouverts jusque tard dans la nuit, à proximité du quartier, tout aussi populaire, de Notre-Dame, le Noailles niçois. Comprenez donc ma joie, après l’expulsion des boutiques et des kebabs il y a quelques années, d’y voir apparaître un hôtel de luxe. D’autant qu’à la manœuvre, on trouve un challenger nouveau à Nice, la Compagnie de Phalsbourg, que je ne connaissais pas avant de rédiger cette enquête, mais que j’ai appris à connaître, et à aimer, tant son curriculum vitae est impressionnant : rarement promoteur aura développé tant d’énergie à se rendre indésirable et à faire front commun contre ses projets délirants –sauf à Nice, où on accepte tout.

A Pacé, à l’ouest de Rennes, leur projet de centre commercial géant a ainsi été abandonné, moyennant la signature, par la municipalité, d’un petit chèque de 5,5 millions d’euros de rien du tout en guise de dédommagement. L’idée, très contestée, et avec succès, par les écolos du coin, était de construire 26 000 m² de surface commerciale et 1 400 places de parking sur une vaste zone agricole. Dans l’Isère, à Villefontaine, le projet de la Compagnie de créer The Village, un « village commercial », qui hébergera notamment des Galeries Lafayette sur 1 400 m2, mais aussi Ralph Lauren, Adidas et Nike, a fait l’objet de dix ans de bataille, avec une multitude de recours d’élus des communes limitrophes, d’associations environnementales et d’associations de commerçants ; le projet a néanmoins finalement été validé par le conseil d’État, et a ouvert ses portes en 2018.  A Plan-de-Campagne, à l’entrée de la commune des Pennes-Mirabeau, entre Aix et Marseille, par contre, ce fut un échec. La compagnie, qui voulait, associée au groupe Barnéoud, implanter un projet de Retail park (on notera les noms toujours très poétiques de ces amas de béton), soit 39 644 m2 d’espaces de vente assortis de 3 000 places de parking, s’est mangé le veto de la Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC), puis de la Commission nationale (CNAC), étant souligné le risque de bâtir « une sorte d’oasis luxueuse dans un univers commercial en déshérence » [6]. Game over ?

A Valbonne, le projet de la Compagnie de Phalsbourg d’implanter 60 000 m² de surfaces commerciales et du bureau, nommé Open Sky (poésie toujours) fait face à une vive opposition d’associations de défense de l’environnement, des habitants et d’une partie des élus ; une pétition de ces opposants a obtenu plus de 20 000 signatures, et un recours gracieux a été lancé afin de demander le retrait du permis de construire. Le promoteur, de son côté, avec une rare élégance, a déposé plainte contre X pour « diffamation » : accusé de vouloir détruire une forêt, il parle de « fake news » et évoque plutôt quant à lui une « friche industrielle »[7]. Le projet reste cependant dans les rails, et annoncé pour 2025. Ce même projet Open Sky est également très vivement contesté au Grand Epagny, en Haute-Savoie, sur la commune d’Epagny Metz-Passy. On parle cette fois-ci de bâtir 13 000 m² sur une zone humide. France Nature Environnement Haute-Savoie, au cœur de la contestation de ce projet, nous rappelle cependant que les produits commercialisés en périphérie des villes ont une empreinte carbone 60% plus élevée que ceux des commerces de proximité, et affirme dans un communiqué qu’elle continuera « à dénoncer ce projet d’un autre âge. Sous couvert d’une apparente modernité, il relève en fait d’une forme d’urbanisme commercial totalement dépassé. Il semble conçu pour des habitants du siècle dernier, captifs de stratégies de vente visant à provoquer les moindres désirs »[8]. Un premier recours contre le projet a été rejeté cette année par la cour administrative de Lyon.

« Projet hors d’âge », « d’une apparente modernité » : on ne saurait mieux dire. Mais en Estrosie, on continue à considérer que le béton, « greené » avec des verrières et quelques arbres ici et là, que les hôtels de luxe, que les centres commerciaux clafis de marques haut de gamme dont les vitrines viennent narguer la prolo fauchée qui vient y faire le ménage chaque jour après trois heures de bus, que le grands bureaux à la city londonienne pour héberger des multinationales qui ne paient pas leurs impôts et des banques qui aident à planquer le pognon dans des paradis fiscaux, c’est l’avenir ; ça, et pas les jardins partagés en ville, les potagers de quartier dans nos places et sur nos toits, les petits exploitants venant vendre leurs produits en circuit court sur nos marchés, et tout ce qui irait à l’encontre de la vague de béton qui vient grignoter les dernières terres qui nous permettent encore de bouffer.

Mais non. Au lieu de ça, sur ces terres qui pourraient les faire manger, on va faire pousser du béton pour loger les prolos qu’on a chassés du centre-ville. Parce que c’est aussi l’un des principaux aiguillons de l’idéologie urbaniste municipale niçoise : cachez cette misère que je ne saurais voir. Et ce n’est pas neuf. Durant l’ère du mentor de Christian Estrosi, « Jacquou » Médecin le grand, il y avait déjà eu la « réhabilitation » du Vieux-Nice (aujourd’hui on dirait bien sûr une « requalification de quartier ancien dégradé »), comme m’en avait témoigné l’artiste Louis Dollé dans un entretien : « Le Vieux Nice, quand j’étais jeune, c’était un lieu incroyable, tu entendais de la musique, c’était l’Orient qui était là…. Et, dans les années 80, Médecin a décidé de « réhabiliter » le Vieux-Nice. Et là tu as des familles entières, de Gitous, de Niçois Niçois, d’Arabes, tous ces gens se sont vu déporter vers l’Ariane et les Moulins. Tout d’un coup, dans ces cités »[9].

Et ça continue aujourd’hui. Ce 4 août au matin, les fidèles lectrices et lecteurs de Mouais le savent, la police est venue défoncer à la scie sauteuse la porte du dernier étage du 20, rue de la Condamine, dans le Vieux Nice, afin d’en expulser ses occupants, les enfants du feu marionnettiste niçois Serge Dotti, moi-même, et notre chat noir, Mojoja. Nous avons été « requalifiés ». Par contre, non loin de notre ancien chez nous, un nouveau projet va faire son apparition : un hôtel 5 étoiles. Dont le permis de construire, on commence à connaître l’histoire, a été accordé malgré la vive opposition des habitant.e.s, l’association de riverains Rey-Serruriers, dont le Conseil d’État a rejeté le pourvoi en cassation, après une procédure infructueuse de l’association auprès du tribunal administratif de Nice et de la cour administrative d’appel de Marseille. Donc voilà : en plein cœur d’un quartier historique populaire, va être construit un hôtel de luxe de 90 chambres, de 25 à 100 m², avec piscine, zone de réception… le tout pour enrichir une boîte niçoise typique, en l’occurrence, le groupe Perseus ayant revendu sa compagnie d’hôtels, KSL Capital Partners, une société de capital-investissement spécialisée dans les entreprises de voyages et de loisirs, et dont le site en anglais indique qu’elle est localisée à Denver, Stamford, Londres et… Singapour. De vrais amoureux de la socca.

Allez, il est temps de clore ce second chapitre. Difficile de ne pas évoquer, en conclusion, la tempête Alex, qui a montré les risques qu’il y avait à couvrir de béton une zone potentiellement inondable –mais ce genre de choses n’arrivera jamais dans la plaine du Var, n’est-ce pas ? Quant à la reconstruction de la Roya, elle se fait déjà dans la plus pure tradition politique locale : de façon verticale et autoritaire, sans concertation avec les habitantes et habitants de la vallée, qui ont pourtant de nombreuses idées à offrir, comme l’ont montré les assemblées populaires organisées par l’association Emmaüs-Roya, et en plein dans l’idéologie du tout-béton, malgré les règles les plus élémentaires du bon sens. Mais tant que nous serons dirigés par des multinationales du BTP, les parkings auront hélas toujours plus de valeur que les arbres de nos jardins. Jusqu’à quand ?

A suivre… Prochain et dernier chapitre : omerta sur la Côte-d’Azur.

[1]https://www.collectivites-locales.gouv.fr/competences/les-plans-locaux-durbanisme

[2]https://basta.media/Cote-d-Azur-le-projet-de-Silicon-Valley-nicoise-augmentera-le-risque-d

[3] http://www2.nice.fr/habitat-urbanisme/plu-metropolitain/Tome3-RP-Justif-Appro.pdf

[4]http://capre06.e-monsite.com/

[5]https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/agriculture-danger-plaine-du-var-1433451.html

[6]https://www.tpbm-presse.com/la-cnac-retoque-le-projet-de-retail-park-de-barneoud-et-de-la-compagnie-de-phalsbourg-2563.html

[7]https://www.20minutes.fr/nice/2676011-20191216-cote-azur-toujours-tres-conteste-ralenti-decouverte-amiante-projet-open-sky-avant-2024

[8] https://www.fne-aura.org/communiques/haute-savoie/open-sky-vestige-de-la-demesure-et-de-la-deraison-du-monde-davant/

[9] https://blogs.mediapart.fr/macko-dragan/blog/100418/nice-je-ne-taime-plus-des-squats-la-roya-la-cote-dazur-alternative