Le zemmouriste Philippe Vardon organise aujourd’hui sa « fête de la droite » avec Marion Maréchal. Mais avant-hier, pendant la nuit, des bandeaux « annulé » ont été collés sur ses affiches. Furieux, il dénonce… l’équipe d’Eric Ciotti qui, contactée, accuse… une alliance Estrosi-Vardon. Suscitant l’hilarité des vrais plaisantins, que Mouais vous révèle en exclusivité tout en vous narrant le détail de cette incroyable histoire.
Or, donc, ce jeudi 1er juin au matin, Philippe Vardon, ex-skin néonazi, co-fondateur de Génération Identitaire, ex-RN désormais élu zemmouriste au Conseil Municipal de Nice, est bien chiffonné, ainsi que toute l’équipe Reconquête ! De la ville.
En effet, il ont dû passer leur matinée à pédaler sur les réseaux sociaux pour affirmer que si si, si si, l’événement qu’ils prévoient pour le lendemain aura bien lieu. On l’occurrence, la « Fête de la droite » (miam), prévue aujourd’hui, vendredi 2 juin, dans le square Durandy, un espace public privatisé avec bien entendu l’aval de la mairie estrosiste, qui a invoqué la sacro-sainte « liberté d’expression » alors même que, en avril dernier, elle avait souhaité l’interdiction -et fait annuler quelques événements- du « Printemps des Migrations », qui comportait notamment l’ami Cédric Herrou dans sa programmation. Ainsi à Nice, il faut bien croire que « festival promouvant la solidarité et l’égalité » = « provocation », et « privatisation de l’espace public pour réunion de nostalgiques du IIIe Reich » = « liberté d’expression ».
Mais passons. Si Vardon et son équipe précisent que leur sauterie de la droite de la droite aura bien lieu, c’est car, pendant la nuit, de mystérieux plaisantins ont collé, sur une bonne partie de leurs affiches placardées sur les colonnes Morris de la ville, des bandeaux « annulé » mettant en doute la bonne tenue de l’événement.
Et le chef des hyper-droitos de Nice d’annoncer le méfait sur son Twitter, et de lancer un sondage sur l’identité des coupables, tout en précisent qu’il sait qui a fait le coup et qu’il le révélera à 17 heures sonnantes :
Pour la plupart des personnes un peu sensées suivant l’affaire, le truc semble frappé de l’évidence : il s’agit sans trop de doutes possibles de la gauche crasseuse en sarouel, qu’il avait déjà accusée de la dégradation de sa permanence cet hiver (même si la commu’ vardonienne est divisée, un commentaire affirmant même que ces « méthodes de gauchiste » désignent sans doute « les trois », car oui pour eux Ciotti est trop à gauche, comme Estrosi).
La journée se passe donc.
Et à 17 heures et une dizaine de minutes (il était en retard), coup de tonnerre. Vardon, prenant le contre-pied de son propre sondage qui désigne « l’extrême-gauche », accuse… l’équipe d’Éric Ciotti lui-même.
Et grands éclats de rire du côté des véritables coupables de ces collages, avec lesquels l’équipe de Mouais est resté en contact toute cette journée durant.
Il s’agit, donc, de militant·e·s libertaires Niçois·e·s ayant monté un collectif de lutte se voulant revendicatif mais aussi résolument festif.
Nous avons recueilli leurs témoignages.
Louise*, militant sur Nice depuis quelques années maintenant, se dit « régulièrement affligée de l’espace qu’y prend l’extrême-droite ». « C‘est des groupuscules qui se forment, se déforment, se reforment au grès du temps et des affinités, toujours visible, et surtout toujours violents … On ne compte plus les attaques « hit and run », en fin de manif, sur des blocages, ou même en soirée si tu as le malheur de te faire reconnaître… Le dernier groupe en date, Aquila Popularis, s’est fait connaître par des « free fight » dans les arènes de Cimiez, nous avons pu établir des liens entre eux et le syndicat étudiant UNI, mais aussi avec Reconquête ! et Génération Z, anciennement la Cocarde étudiante 06… ».
Et donc, « en voyant apparaître les affiches de Vardon pour sa « Fête de la droite », deux choix s’offraient à nous : baisser la tête et attendre que ça passe, ou riposter ! »
Suit une réflexion sur comment saboter cette campagne d’affichage. Juste les arracher ? Les repeindre ? Puis a émergé l’idée de simplement coller un bandeau « annulé », qui devraient avoir l’air le plus « légitime » possible. « Cela coûte bien moins cher que des affiches complètes, ce serait bien plus rapide à poser et ça les ferait réagir, ils finiraient donc par communiquer pour nous (rires) ».
Louise* nous raconte l’équipée. « On a fait imprimer les bandeaux, puis on s’est organisés en petite équipe pour aller les coller. Là, grosse surprise, on tombe sur une équipe de vardono-zemmouriens en train d’afficher ! On attend sagement qu’ils partent, on note la voiture et la direction, puis on va coller nos petits bandeaux -sur leur colle pas encore sèche-… Nous avons suivi la fine équipe sur trois colonnes Morris avant de les perdre de vue (rires) ! Nous avons fini la soirée sur un petit tour pour vérifier que toutes les affiches avaient bien été « annulées » ».
Le lendemain, ils constatent que leur plan a marché bien mieux qu’ils n’auraient pu l’imaginer dans leurs rêves les plus fous. Restait la question de la « révélation » du pot-au-rose promise par Vardon, qui suscite des interrogations : « Nous avaient-ils vus ? Reconnus ? Est-ce qu’un de leur militant avait pu nous filmer ? Est ce que leurs copains de la police avaient pu leur passer des images ? Le suspense a été à son comble jusqu’à 17 heures… »
Jusqu’à l’hilarité totale suscitée par l’annonce de la culpabilité de Ciotti, improbable twist digne des scénarios les plus retors de Nolan. « Nous avons sorti les chips et les pop corn et attendu les réactions … en regardant BFMTV Côte d’azur ! » -Éric, en effet, était invité à 18h30 sur cette chaîne pour parler de drogue, d’immigration et de drogue. Il a également nié son implication -mais il y a plus, comme Mouais va vous le révéler ci-dessous, car cette incroyable histoire n’est pas encore tout à fait terminée.
Buenaventura* dresse le bilan de l’action : « C‘était fun ! Lutter contre l’extrême-droite, vu ce que ça implique, c’est plutôt une activité morose… Là on s’est bien marré ; on savait qu’ils allaient s’agiter sur les réseaux et faire du bruit, et ils nous ont régalé à s’accuser entre eux alors qu’ils sont totalement pareils (Ciotti aussi son combat c’est le grand remplacement…)! » Et de conclure : « Activité des plus sympa entre amis, recommandée vivement ! »
Mais : et Ciotti, dans tout ça ?
Eh bien figurez que nous l’avons contacté par message, afin de recueillir à lui aussi son opinion sur cette affaire. Et une demi-heure plus tard, le téléphone sonne : l’équipe du député, chef des LR, nous re-contacte.
C’est alors que l’improbable se poursuit. Niant -bien évidemment- une quelconque implication dans ces collages, ainsi qu’il l’avait fait quelques heures plus tôt sur le plateau de BFMTV, Ciotti accuse… une « alliance de fait » entre Vardon et Christian Estrosi. Pardon ? Quand nous soulignons le caractère improbable de cette alliance supposée, on nous répond « qu’il existe une vidéo Youtube de M. Vardon au dernier conseil municipal, où il salue le travail de M. Estrosi », vidéo que nous ne sommes hélas pas parvenus à retrouver, mais pour lui la conclusion est sans appel : « Le rapprochement est explicite ».
On résume donc. Des anars’ rigolards collent des bandeaux faisant croire à l’annulation d’un événement de l’extrême-droite. Contre toute attente et toute logique, Philippe Vardon accuse l’équipe d’un autre représentant de la droite de la droite locale, Eric Ciotti. Celui-ci, contacté, nie et accuse dans la foulée les accointances supposées du maire actuel, Christian Estrosi -un macroniste assumé-, avec son opposition Zemmouriste au conseil municipal.
Et pendant ce temps, la gauche en sarouel se marre.
Les municipales de 2026, où ils iront tous les trois, s’annoncent grandiose. Il semblerait qu’à Nissa, l’union des droites, ce ne soit pas pour demain.
Contre la « Fête de la droite », et pour montrer que Nice n’est pas et ne sera jamais une terre fasciste, un rassemblement est prévu aujourd’hui, vendredi 2 juin, à 18 heures, à l’appel du comité antifa local et de plusieurs dizaine d’associations. On espère s’y retrouver nombreuses et nombreux dans la joie, pour, comme le dit Emma*, qui a elle aussi participé à l’action de collage, « montrer notre refus de normaliser de tels discours et pour défendre les valeurs de tolérance, d’égalité et de solidarité. On est profondément préoccupés par la montée de l’extrême-droite, et elle doit être combattue sans relâche ».
P. Crété aka Mačko Dràgàn
Contacté, P. Vardon n’a pas répondu à nos sollicitations.
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*Les prénoms ont été changés.
1 Comment
Nadya
Merci pour cette action ✌️