Le mardi 28 mars et le jeudi 6 avril, la faculté de Carlone à Nice a été bloquée en soutien aux grèves et manifestations nationales contre la réforme des retraites, ainsi que pour la lutte pour la démocratie et des conditions de vie, d’étude et de travail décentes pour tous.tes. Malgré une agression de l’extrême-droite de l’UNI le mardi 28, les étudiant.e.s ont tenu bon dans leur combat pacifique. Le syndicat étudiant majoritaire à Nice, et se disant « apolitique »*, la FACE06, ayant décidé de condamner ces blocages, il apparaît important d’expliquer les motifs et formes de cette lutte (Communiqué).
Face au mépris du pouvoir, les manifestations, grèves et les blocages comme dernières possibilités d’action
Le mardi 28 mars et le jeudi 6 avril, la faculté de Carlone à Nice a été bloquée en soutien aux grèves et manifestations nationales contre la réforme des retraites, ainsi que pour la lutte pour la démocratie et des conditions de vie, d’étude et de travail décentes pour tous.tes. Suite à cette mobilisation, la FACE 06 a publié un communiqué condamnant ces blocages. Il nous semble donc important d’expliquer ce pour quoi nous luttons, et pourquoi nous le faisons ainsi.
Actuellement, nous, étudiant.es, nous sentons démuni.es face à nos institutions. Nous vivons pour la plupart dans une précarité grandissante. Nous étudions dans des conditions indignes et inéquitables, dans des facultés et des écoles en grand manque de moyens, avec dans le ventre des repas du Secours Populaire, dans les pieds la fatigue du travail s’additionnant aux études, et devant les yeux un avenir toujours plus assombri par la destruction de l’environnement et la remise en question des acquis sociaux. La réforme des retraites n’est qu’une illustration de ce système en crise, et les conséquences sur notre santé mentale sont irréfutables : 6 étudiant.es sur 10 confient avoir eu des idées noires sur l’année écoulée (enquête CSA menée pour le Groupe Intériale et LMDE, 11/07/22). Cette situation est alarmante. Dans ce cadre, nous nous devons de participer à la mobilisation nationale actuelle.
Toutefois, les leviers de discussion et de débat ayant été honteusement esquivés par le recours excessif à l’article 49-3 et la sourde oreille aux syndicats, les manifestations, la grève et les blocages sont donc nos dernières possibilités d’action.
Bloquer pacifiquement notre lieu d’enseignement n’est pas un moyen de lutte anodin.
En effet, étant symbolique, il permet avant tout de mettre en exergue nos revendications en tant qu’étudiant.es et de les partager au plus grand nombre, par la discussion et les médias. Il s’agit alors d’un signal fort envoyé à la France entière : « si même Nice bloque, c’est que c’est grave ». Par ailleurs, notre lutte commence à être entendue par le gouvernement qui a, par exemple, récemment retiré le Service National Obligatoire et augmenté la bourse étudiante de 37€. Ces progrès étant loin d’être satisfaisants, et c’est un euphémisme, il est nécessaire et utile de continuer à agir.
Ensuite, le fait d’empêcher les cours qui y sont dispensés donne l’occasion aux étudiant.es de se libérer pour participer aux manifestations, sans craindre les représailles administratives, scolaires ou sur leur bourse. En ce qui concerne le dernier blocus, les cours avaient d’ailleurs, pour la plupart, été déjà réorganisés en distanciel en raison de la grève des transports.
Enfin, les deux blocus ont été débattus et votés démocratiquement lors d’Assemblées Générales qui se sont tenues les lundis 27 mars et 5 avril sur le campus Carlone, réunissant une centaine d’étudiant.es et membres de collectifs étudiants. Afin d’en garantir la représentativité de tous.tes les étudiant.es de la faculté, nous sommes allé.es en amont à leur rencontre sur le parvis, dans les amphithéâtres et dans la résidence universitaire de la Baie des Anges. Ainsi, ces réunions étaient, sont et seront toujours ouvertes à tous.tes ; c’est pourquoi nous invitons les membres de la FACE 06, au même titre que tous.tes les autres étudiant.es, à venir discuter avec nous pour faire entendre leur voix. D’autres moyens de lutte y sont effectivement débattus régulièrement, tels que des rassemblements, des campagnes d’information, des occupations et des blocages partiels de la faculté. La rédaction d’une charte exposant les valeurs que porte notre mouvement (actuellement sans étiquette associative, syndicale ou politique) est également en cours. Parmi celles-ci, figurera notre volonté de faire de la faculté un lieu d’étude sécurisé pour tous.tes.
Finalement, nous nous devons en effet de répondre aux accusations d’agressivité qui nous ont été adressées.
Si la FACE 06 condamne les violences comme nous le faisons, nous nous attristons pourtant de constater qu’elle n’a pas pris la parole la semaine passée pour dénoncer l’UNI 06, autrice des agressions du mardi 28 mars. Elle, l’UNI, n’en est d’ailleurs pas à sa première action violente sur un campus universitaire, que ce soit à Nice ou ailleurs en France.
Étant nous-mêmes pacifistes, aucun.e autre étudiant.e que les membres de ce groupuscule n’a engendré de tensions en voulant entrer dans la fac lors des blocus. En dépit des nombreuses preuves et agissements délictuels, rien n’a été fait par la direction de l’UCA. Nous avons déposé des plaintes, le futur de l’extrême droite étudiante niçoise est donc à présent entre les mains de la justice.
En guise de conclusion et en raison de notre objectif commun, à savoir de meilleures conditions de vie et d’étude, nous appelons donc les membres de la FACE 06 à faire preuve de responsabilité et à lutter à nos côtés et aux côtés de tous.tes les étudiant.es voulant nous rejoindre.
Un texte de @carloneenlutte, Le 10/04/2023
*Lol (note de la rédaction de Mouais)