Cela faisait quelques temps que notre petit journal de contre-pouvoir local n’avait pas mis un coup de griffe à l’aide-pouvoir également local, Nice-Matin. Mais un récent « dossier » racoleur sur les soi-disant piqûres au GHB dans les discothèques a allumé nos signaux d’alerte, nous poussant donc à réaliser une petite contre-enquête. Par Bob.
Ah ma chère Solène Gressier de Nice-Matin, tu resteras dans mes annales en tant qu’exemple de non-journalisme professionnel avec ce « dossier » sur les soi-disant piqûres au GHB dans les discothèques -enfin, disons plutôt les boîtes de nuit, on n’est plus en 83.
Ce qui me chagrine, c’est que tu entraînes avec toi une journaliste plus intègre et travailleuse en la personne de Virginie Rabisse, contrainte d’écrire un truc pas trop pourri sur la Safe Cup pour ton dossier de merde (« les capotes de verre » explique-t-elle ; au fait Virginie, c’est « verres » avec un « s », c’est pour les verres quoi, en plus elles sont en tissu !). Virginie écrit des articles sociologiques sur le vote des français, la santé mentale, le Gynécobus, la vie privée et Internet, le changement climatique… tandis que toi, Solène, tu préfères écrire dans Gala sur l’appartement hanté de Claude François, Drucker et Dany Saval qui n’ont pas eu d’enfant, le Noël de Manu et Brigitte à l’Élysée ; pour Nice-Matin tu te fais plus racoleuse encore : « Je la retrouve en pleurs : Eva, 6 ans, lourdement handicapée », « Il filme un cachalot dans la baie de Cannes », « L’amour à l’Ehpad », « Cette famille carbure au gasoil et à l’amour », « À la recherche d’un terrain pour leurs Z’animaux » (c’est vrai qu’un papier est plus intéressant : « Épuisés, les travailleurs sociaux se mettent à l’arrêt », mais tu ne l’as pas écrit seule). Virginie a de la bouteille, détentrice d’un Deug et d’une licence en psycho, et a passé un Master en psychologie cognitive et neuropsychologie avant d’entrer à l’école de journalisme de Nice (EDJ). Toi, t’as passé ton bac au Lycée Jean Moulin et hop EDJ. Ce n’est pas le même parcours. Bref, je voulais signifier en préambule que je soutiens Virginie Rabisse (que je ne connais pas), associée malgré elle au dossier.
D’ailleurs, peut-être est-ce Virginie qui a qualifié ton article de « putaclic » : « Il y a une hystérie médiatico-médiatique sur ce sujet [qui] mérite deux colonnes, pas deux pages » selon « une journaliste locale qui a traité le sujet et préfère rester anonyme » (arretsurimages.net, « Piqûres en boîte de nuit », 04/05/22). La Une de Nice-Matin du 4 mai donc, et une double-page en début de journal sur… rien. Sur du vide, une séquence médiatique créée pour vendre du papier et de la publicité, sans réel fondement. D’accord, il y a eu de nombreux témoignages expliquant que des « individus malveillants » (article de Solène, ou plutôt « dossier » de Solène) font des piqûres de « drogue du violeur » en boîte de nuit dans toute la France, ce serait tellement sérieux que les jeunes ont maintenant peur d’aller danser. Les médias (pas seulement Nice-Matin) ont relayé ces dépositions (écrits, photos, vidéos) et ont créé une authentique légende urbaine, sans aucune preuve de rien du tout puisque aucune seringue n’a été retrouvée ou confisquée et personne n’a été arrêté.
Comme le rappelle Arrêt Sur Image, il s’est passé la même chose en Angleterre à l’automne 2021, ce qui aurait dû mettre en garde la profession : sur toutes les « piqûres sauvages », aucune n’a été confirmée, personne n’est allé devant un tribunal, pas de drogue retrouvée, aucune agression, aucun viol, même pas un vol de portable… bizarre de droguer quelqu’un et disparaître sans profiter des fruits de son crime. L’enquête parlementaire diligentée par le parlement britannique démontre que pour les 1382 cas recensés (du 01/09/21 au 26/01/22), il n’y a eu aucune arrestation ni analyse positive au GHB. Du vent.
Sans remettre en doute le vécu des jeunes gens (je ne sais pas ce qu’ils ont bu, avalé, fumé, s’ils étaient fatigués, anémiés, s’ils prenaient des médicaments, ou s’ils ont surestimé leur résistance à l’alcool…), on peut parler de psychose collective, ou « extime » collectif puisqu’il s’agit de s’afficher, se décrire comme victime d’un terrible complot criminel. Un phénomène alimenté par les réseaux sociaux où chacun y va de son expérience inexplicable, parvenant à l’élucidation du mystère grâce à la fameuse piqûre magique. Le sociologue et criminologiste Stuart Waiton explique que la piqûre nécessiterait une grande seringue, avec une grande aiguille, et au moins 15 secondes d’intervention. « Une injection, ça ne se fait pas en une seconde », ajoute Philippe Bak, docteur en psychologie cognitive, « et sur le plan purement médical, injecter du GHB, ça ne peut pas fonctionner ».
Mais toi Solène, tu penses qu’on peut utiliser une bague inoculante comme dans les films d’espionnage ? Ou bien une sarbacane peut-être ? Ou alors une aiguille cachée dans un talon ? Soit tu ne doutes pas, soit tu tentes de te placer dans Niel-Matin, soit tu te fiches de nous et tu mens sans vergogne aux lecteurs. « De plus en plus de jeunes victimes droguées en soirée », sans point d’interrogation, « j’étais comme morte », « drogue du violeur », « le GHB commence à sérieusement terroriser les jeunes des Alpes-Maritimes ». Mais c’est toi Solène qui les terrorise ! « Parce que des cas, il y en a ! », assènes-tu sans réserve. Chloé, qui témoigne pour toi, s’est « écroulée » sur un canapé, a quand même pu rentrer chez elle accompagnée, et a découvert le lendemain une marque de piqûre sur son bras (non ça ne peut pas être une araignée ou une autre bestiole, c’est forcément un violeur ! Regardez la photo en page 3 !). « Et si l’individu malveillant (…) lui avait transmis le virus du VIH ? », « cette nuit-là s’est transformée en cauchemar ».
Je ne vais pas faire d’analyse de texte puisque tout est creux et storytellé, ce « dossier » est l’exemple même du papier racoleur et vidé de toute information vérifiée, Solène surfe simplement sur l’émotion, le malheur (ressenti), ça permet de parler de la nuit, de la drogue et du viol, combo gagnant pour faire peur. Donc dorénavant, en lisant la prose de Solène la fan de chats et de Brigitte Bardot (oui, j’ai exploré son Facebook), je vous donnerais le même conseil que Chloé qui « n’a qu’un seul message à faire passer : Restez prudents ! »
Par Bob
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