Pour l’extrême-droite française, Israël est devenu une obsession. Son gouvernement intégrant des ministres colons ultra-orthodoxes représente un allié de choix dans la lutte contre la gauche propalestinienne – mais aussi un idéal de haine et de racisme ouvertement déployé. Reportage à Jérusalem pendant le dernier ramadan, en pleine dystopie ségragationniste.
L’actuelle forme de l’Etat hébreu lui-même (ethno-nationaliste, capitaliste, autoritaire, colonial) pourrait donner des idées aux idéologues français : des discriminations légales, des checkpoints, et toute un appareil sécuritaire visant uniquement à réprimer les Arabes, quelle bonne idée.
Une visite à Jérusalem, pendant le dernier Ramadan, illustre cette dystopie. Alors que des centaines de milliers de Palestiniens musulmans voulaient prier à la Mosquée al-Aqsa pendant le Mois Saint, les Palestiniens de la Cisjordanie avec leur « green card » ne pouvaient se rendre dans leur propre capitale que s’ils avaient deux ou trois permis accordés par les autorités d’occupation, entre 15 et 55 ans, et un casier judiciaire vierge : au total, 98% des Palestiniens de Cisjordanie ont été empêchés d’entrer. Imaginez cela en France : quasiment tous les provinciaux interdits d’entrée sur Paname.
Les citoyens Palestiniens de Jérusalem-Est, dotés d’un « Blue card », eux, ont pu se rendre à leur lieu saint – à condition de traverser des dizaines de checkpoints et de subir des fouilles au corps, le tout sous une intense surveillance policière.
Une stratification des discriminations raciales et religieuses
« On peut affirmer qu’Israël est un régime colonial avec des pratiques d’apartheid », affirme ainsi Suhad Bishara, directrice légale de l’organisation palestinienne des droits de l’homme Adalah.
La complexité des discriminations et des régimes légaux en Israël est faramineuse. « Alors que les citoyens israéliens sont régis par les mêmes lois, on observe des pratiques très différentes selon la religion, la race, l’origine nationale et la classe sociale. Par exemple, il y a de grandes inégalités de logement entre juifs israéliens ashkénazes, séfarades et éthiopiens… puis avec les Palestiniens d’Israël, qui sont des citoyens de seconde zone », explique-t-elle.
Les Palestiniens de Jérusalem-Est ont encore un statut différent, lui-même meilleur que celui des Palestiniens de Cisjordanie. « Le pire, c’est pour les Gazaouis, qui n’ont le droit de se rendre si en Israël, ni à Jérusalem, ni en Cisjordanie sans permis », affirme Bishara. Or, depuis le 7 octobre, la plupart des permis sont annulés par Israël – les habitants de Gaza et de Cisjordanie sont effectivement piégés chez eux. « Et ils n’ont plus accès à leur capitale », ajoute-t-elle.
Photos prises intégralement le 15 mars 2024, lors du premier vendredi du ramadan, alors que des milliers de musulmans palestiniens se rendaient à la mosquée al-Aqsa pour effectuer la prière la plus importante de la semaine, sous restrictions de l’occupation israélienne.
Des fidèles musulmans de tous les pays se pressent devant l’esplanade des mosquées pour effectuer la première prière du vendredi du ramadan, sous l’œil des forces d’occupation israéliennes ⬇️
Après la prière, les croyants quittent la mosquée al-Aqsa et passant par des checkpoints israéliens ⬇️
Des femmes Palestiniennes de Cisjordanie tentent de franchir le redoutable checkpoint Qalandyia, qui divise Ramallah et Jérusalem-Est ⬇️
Des Palestiniens musulmans franchissent des checkpoints des forces d’occupation israéliennes, dans la vieille ville de Jérusalem, en se rendant à la mosquée al-Aqsa ⬇️
Scènes de vie dans les souks du quartier musulmans de la vieille ville de Jérusalem, sous occupation ⬇️