Inoxtag a produit un film documentaire qui parle d’un défi et des moyens qu’il a mis en œuvre pour y parvenir. Mais aussi d’altérité, de l’idée qu’on ne grandit qu’au contact des autres, d’addiction au smartphone et d’émancipation. Des messages naïfs, aussi mignons qu’une vidéo de chatons, et qui entrent en résonance avec des millions d’individus.

Kaizen (réalisé par Basile Monnot issu de la pub), qui met en scène les aventures du youtubeur Inoxtag et ses potes, a attiré 300 000 personnes en salles lors de son avant-première, essentiellement des jeunes spectateurs, ce qui est totalement inédit (mis en ligne sur Youtube dès le lendemain, il cumulera 25 millions de vues en seulement 4 jours avant d’être diffusé sur TF1). Un film qui aimerait parler d’une jeunesse qui se cloisonne et s’oublie, mais dont la flamme de l’aventure peut être attisée.

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Constat d’immobilisme

Né en 2002, Inès Benazzouz (aka Inoxtag) a toujours fait des vidéos, des stream de collégien (longues émissions en direct et face caméra) durant lesquels il joue à Minecraft et Fortnite, puis il a commencé à documenter sa vie (sa nouvelle voiture, son nouveau chien et le dressage adapté, son nouvel appartement…), à se lancer des défis (dormir dans une forêt hantée, vivre seul sur une île déserte durant une semaine…) et créer des concepts (avec d’autres youtubeurs vedettes). Le gamin tout seul sur son ordinateur qui commente des images a su s’entourer et faire fructifier sa popularité.

Progressivement, il se laisse dépasser par le nombre de vidéos à produire mensuellement pour faire vivre son équipe, frôlant même le burn-out, et ne parvient plus à trouver du sens à ce qu’il fait. Il va donc se contraindre à sortir de ses routines, documentant ses expériences (parfois totalement seul), cherchant à concilier ses impératifs de productions et la volonté de vivre une expérience qui l’aiderait à sortir de l’enfance. Sortir de sa chambre, de sa famille, de son réseau d’amis, un schéma classique dans la construction d’un individu.

Syndrome de l’imposteur

Inès accumule les dizaines de millions de vues sur Youtube, mais pour les mériter, pour se sentir légitime, encore faut-il avoir accompli une prouesse se dit-il : toute personne confrontée à la célébrité est hantée par ce sentiment. Souvenez-vous par exemple de Jérôme Jarre et de sa Love Army : en 2017, alors qu’il est très populaire sur le réseau social Vine (vidéos rigolotes et visage poupin de Jérôme), il se lance dans une guerre contre l’extrême-pauvreté (les Rohingyas, faisant alors l’objet d’un génocide, vivent dans un immense bidonville) avec l’idée que son renom puisse servir à quelque chose de concret et d’utile. Qu’il ne soit plus acclamé pour son chouette sourire de petit blondinet, mais pour une action historique d’utilité publique.

Inoxtag, lui, a opté pour gravir la plus haute montagne du monde. C’est le rite initiatique qu’il s’est choisi pour entrer dans le monde adulte. Il aurait pu s’engager dans l’armée, faire un tour du monde en stop, entrer dans le Guinness Book en cuisinant la plus grande pizza du monde, mais l’Everest est la suite logique de sa quête : partir à l’autre bout du Monde, au plus haut du Monde. Ainsi, non seulement on le considérera enfin comme un bonhomme, mais en plus il sera loué pour sa prouesse sportive, et pour avoir tenu parole.

Dépassement de soi

Personne n’est contraint à « se dépasser ». Mais ici, il ne s’agit pas de devenir un surhomme, plutôt de s’imposer un cadre de vie correspondant à l’objectif. Pousser de la fonte pour afficher de voluptueux biceps, c’est finalement facile (comme d’autres youtubeurs, Inoxtag a également filmé sa transformation musculaire), s’entraîner une année pour devenir alpiniste est plus ardu et constitue un challenge potentiellement fructueux en nombre de vues.

La transformation psychique est également recherchée par Inès, il explique qu’il souhaite ardemment être devenu autre à la fin de l’aventure. Et il découvre que pour « se dépasser », il faut s’instruire (le seul livre qu’il ait lu jusqu’à présent est celui d’un alpiniste, « enfin, j’ai lu un résumé » déclare-t-il sur le plateau de La Clique sur Canal +), chercher de l’aide, écouter et apprendre, et surtout rencontrer et s’ouvrir aux autres. C’est en tout cas ce qu’il dit, pas forcément ce que l’on voit dans ses vidéos.

Les rites de passage qui sortent le jeune adulte de la puberté sociale, symbolisés jadis par le service militaire et le départ du foyer familial, ont cédé la place à une transition plus progressive parsemée de rites ponctuels (les fameux défis). Mais la construction progressive d’une maturité sociale dépend de l’investissement personnel et des leçons tirées des épreuves constituées par ces rites. Et surtout la conscientisation que ce processus est personnel et intime.

Découverte de l’altérité

Inès rencontre donc des professionnels qui vont le former et l’entraîner, il va découvrir du pays et de la diversité sociale en Corse, en Savoie, sur les routes de France, de La Réunion, en Islande… Son message aux jeunes : sortez de chez vous, confrontez-vous au Monde. Ce qu’il fait en images, en toute extimité. Car Inès est accro à son téléphone et aux écrans, comme nombre de jeunes qui le suivent, il dit en avoir conscience et désire se désintoxiquer. Or, c’est par les réseaux qu’il existe et qu’il prospère. Pour appréhender ce paradoxe, il va donc se lancer des challenges, c’est ce qui est censé l’aider à décrocher de son équipe, sa team, et de ses followers.

Pour rencontrer l’autre, le mieux est de partager. C’est ce qu’il éprouve un an avant l’Everest en passant sa première nuit en haute-montagne avec David, dormant par moins vingt degrés à la belle étoile. Pour tisser des liens, rien de tel que d’affronter ensemble une épreuve. Brothers in arms, compagnons du froid dans les cimes. Comme pour nombre d’adolescents, l’iconographie militaire et ses promesses d’aventures, rendues dans des clips publicitaires léchés et qui flattent l’esprit d’équipe, de famille, de frères d’armes en terrain hostile, font fantasmer Inès. C’est ce qu’il veut vivre : une épreuve et une team de paires de couilles pour l’affronter.

Partir à l’aventure, c’est aussi découvrir des humains qui ont d’autres aspirations, comme ce jeune homme rencontré sur une virée en camping-car, qui rêve de créer une micro-ferme pédagogique et qui cultive des produits biologiques. Inès lui parle d’un jeu vidéo où tu peux être fermier, le gars connaît et cela l’amuse, une connivence éphémère se crée.

Pourtant, au gré de ses voyages, on ne sait pas ce que Inoxtag a retenu de ces échanges, en quoi il a grandi. Le post-adolescent sent bien que les éléments sont là, mais il ne sait pas comment les articuler pour progresser.

Émancipation

Le jeune youtubeur découvre que les voyages forment la jeunesse, qu’un agriculteur peut être un « Einstein » car il maîtrise l’art de greffe botanique, que la Tome de Savoie se fait avec du lait de vache, que pour pêcher des palourdes il faut gratter le sable humide… L’apprentissage de la vie hors écrans, par l’action, pas forcément par la réflexion, et avec une curiosité limitée à ce qui correspond au format de ses vlog.

Tu seras un homme mon fils, aux yeux du Monde et de tes followers, et de ta maman également. Cette maman qu’on entend parfois dans le film et qui se montre fière de son fils enfin sorti de sa chambre. Par cette aventure, Inès sort du foyer familial, s’affranchit de ses détracteurs, des servitudes liées à son métier et des préjugés de classe, c’est ce qu’il pense. Lui, le fils d’un chauffeur et d’une infirmière, qui a su construire les conditions qui lui permettent de déplacer des montagnes ou de partir sur les routes de France en voyage organisé par son pote, filme ses petits pas vers le monde adulte.

L’émancipation est un produit marketing comme un autre finalement, même si la dissonance cognitive guette puisque l’affranchissement des normes est avant tout un processus intellectuel intérieur. Inès souhaite-t-il réellement maturer, ou simplement présenter l’évolution Shônen (mangas pour adolescents) d’Inoxtag ?

Miroir d’une jeunesse

La chose est documentée, la jeunesse numérique, ayant grandi avec les réseaux sociaux et les sites de rencontres, souffre du manque d’altérité. Lorsqu’elle se déplace en discothèque ou en festival, ce n’est plus pour rencontrer de nouvelles personnes mais majoritairement pour passer du bon temps entre amis, et près de la moitié des moins de 24 ans n’ont pas de vie sexuelle, l’omniprésence des écrans étant directement mise en cause par les sociologues. Une jeunesse coincée dans son techno-cocon.

Les jeunes citadins évoluent dans des établissements scolaires carcéraux, grilles et sas d’entrée, se déplacent sous les yeux des caméras, sont géolocalisés par leurs parents, surprotégés dans un monde qui s’effondre pourtant et dont ils voient disparaître la biodiversité. L’extérieur est dangereux, terrorisme et événements climatiques, la conforteresse d’un rectangle lumineux et tactile les fige dans une existence refusant l’effraction liée à la prise de risque, pourtant indispensable dans la construction de soi car elle permet d’expérimenter le rapport à la réalité, à soi et aux autres.

Choisir l’Everest, c’est symboliquement se confronter au danger, et déjouer la mort lente de l’addiction ou la mort subite de la pulsion suicidaire. C’est le message perçu par les jeunes spectateurs : ton Everest est peut-être juste à côté de chez toi, il n’a pas besoin de culminer à 8849 mètres, mais il te sortira de ta bulle, tu y croiseras d’autres humains, tu seras confronté à tes limites, tu feras des expériences sensorielles, tu apprendras et tu t’amélioreras.

Le film a bien compris qu’il pouvait entrer en résonance avec une population jeune, un peu perdue et en manque de réel. Le parcours du jeune streamer devenu grand baroudeur reproduit ainsi un récit initiatique assez banal, tel l’écuyer qui devient roi, le fermier Jedi, la Cendrillon princesse, le Citizen Kane. Ou le pauvre qui devient millionnaire.

Kaizen : vlog ou doc ?

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Inès est donc officiellement sorti de l’enfance. C’est en tout cas ce que veut montrer le film. Est-ce un documentaire ? Oui, car la vidéo documente le cheminement d’un jeune homme qui s’est donné publiquement pour défi de gravir le Chomolungma, la déesse mère des vents. Entraînements, escalades, déambulations, le personnage possède un arc narratif, souffre, rit, découvre, semble évoluer. Utilise-t-il les codes du documentaire ? Non, le film hybride le style Youtube avec des plans très composés, des séquences aux allures publicitaires ou issues du clip, des captations en GoPro ou caméras d’appoint, en drone, d’autres images entièrement générées par ordinateur, ce qui peut rendre le rendu assez incohérents visuellement, sortant le spectateur de l’immersion promise. Certaines séquences ressemblent même aux « campagnes immersives » publicitaires de l’Armée de Terre ou à une vidéo pour Décathlon (le réalisateur à également travaillé pour cette entreprise).

Le budget médian en France pour produire un documentaire est de 500000 euros, Kaizen aurait coûté 2 millions, largement financés par des sponsors. Donc les marques se voient à l’écran, beaucoup plus que dans d’autres films. Inoxtag a même participé directement à des publicités, par exemple pour SFR, spot dans lequel il déclare « je me suis rendu compte qu’on n’avait pas toujours besoin d’être connectés et scotchés à nos écrans. Sortons dehors, allons faire du sport, faisons de nouvelles rencontres. Bref, reconnectons-nous aux choses essentielles de la vie » ; le slogan étant « pour un monde digital plus sûr ». On peut savourer l’ironie. Le film n’est donc pas une œuvre isolée, il complète d’autres vidéos, d’autres récits et d’autres partenariats commerciaux.

Est-ce un bon documentaire ? Inoxtag est quasiment de tous les plans. Donc pour l’apprécier, il est primordial d’aimer le personnage, sa façon de parler, son « naturel » et sa bonne bouille, rire à ses blagues, être intéressé par ses problèmes de santé, bref compatir. Il n’est pas évident de parvenir à construire cette empathie durant le seul visionnage de Kaizen.

Le héros

Kaizen n’est pas un documentaire sur la montagne (elle n’est qu’un décor), ni sur les alpinistes (ils ne sont que figurants), il ne s’intéresse pas à l’esprit d’équipe tant vantée (les comparses couillus n’apparaissent que brièvement), ni à la marchandisation de l’évasion (rien sur les tarifs, sur l’organisation), ni au tourisme de l’extrême (qui sont ces gens qui font la queue au sommet de l’Everest ?), et il n’accorde que peu de place aux sherpas (un tiers des morts annuels sur l’Everest sont des sherpas), aux guides, aux autochtones. Kaizen ne s’intéresse qu’à son héros et sa réussite personnelle.

Inès est ce petit chat filmé alors qu’il tente d’accéder au toit de la maison : on le voit réfléchir et hésiter, s’élancer et sauter, c’est mignon tout plein et on ne se pose aucune question sur le lieu du tournage ou sur la conception du toit, on est juste attendri et heureux pour ce chat. La vidéo du chat est innocente car elle ne nous questionne pas sur la finalité (pourquoi ce toit ?), l’environnement de l’action (où est-on ? Que doit-on savoir sur ce lieu ?) et le message y est simpliste (à force de pugnacité, la chat parvient à son but).

Pourtant, toute œuvre est évidemment politique, qu’elle l’affiche clairement ou non, que cela soit revendiqué ou délicatement suggéré, et c’est ce qu’un spectateur qui n’est pas intime d’Inès va ressentir, éprouver, c’est la couleur qui lui restera en tête après le visionnage.

Message politique

Puisque l’œuvre comporte un message politique, quel est-il ? On l’a vu, l’objectif du producteur et du réalisateur n’est pas de parler de la nature à laquelle il faudrait se reconnecter, des sportifs de haut niveau, des méfaits du tourisme de masse, des effets de mode chez les riches, ou du dépassement de soi. On parle d’un jeune homme qui, grâce à une notoriété qu’il a su faire fructifier, peut assouvir quasiment tous ses désirs, y compris faire la queue au sommet de l’Everest. C’est long et tortueux, sûrement difficile pour lui, mais le chaton a finalement atteint le toit grâce à son équipe, son hélicoptère et ses équipements de marques.

Voici donc un gars issu d’un milieu populaire, devenu millionnaire sous les yeux de ses fans, année après année. Normal que les médias dominants accueillent à bras ouverts ce nouveau transfuge de classe dont le message est « croire en ses rêves », nouvelle figure de la méritocratie. Un joli conte comme Léa Salamé les adore pour une interview sur France Info toute en minauderies.

Le message probablement ressenti par les novices d’Inoxtag est moins « dépassons-nous et déconnectons des réseaux » que « avec de l’argent, on peut se lancer tous les défis ». Évidemment que l’ascension n’est pas chose aisée, mais il ne s’agit pas non plus d’un exploit sportif inouï puisque, durant la période du tournage, plus de 600 bourgeois ont atteint le sommet lors de la ruée annuelle.

Et comme le film accumule d’authentiques scènes publicitaires façon North Face, le capitalisme est bien présent à l’écran, il est un allié de l’aventure, voire sa finalité car il financera d’autres défis.

Une réussite commerciale

La réussite première du Kaizen est médiatique et commerciale : 310000 spectateurs (en seulement deux jours de projections) sont venus en salles découvrir un documentaire gratuitement visionnable en haute qualité sur Youtube. Les distributeurs et documentaristes critiquent la méthode et le fond, les alpinistes chevronnés se gaussent, les anticapitalistes médisent, les écologistes dénoncent, et le succès est là.

De plus, cet événement montre de manière éclatante que Youtube a définitivement remplacé la télévision : avec 11 millions de vues en 24 heures et 25 millions en 4 jours, Inoxtag explose les records et rivalise avec la meilleure audience de l’histoire de la télévision française (24 millions de téléspectateurs devant la finale de Coupe du monde 2022, France/Argentine).

D’ailleurs, la chaîne de Inoxtag a gagné plus de 300000 abonnés dès le lendemain de la diffusion, les recherches Google ont bondi et ses autres vidéos engrangent de nombreuses nouvelles vues. De quoi faire plaisir aux sponsors et publicitaires. Le budget investi dans le film a largement été remboursé par les recettes en salles, Inès et son équipe devrait en percevoir 500000 euros. Sur Youtube, Inoxtag a optimisé les recettes :« c’est gratuit, mais je vais mettre à masse de publicité » a-t-il déclaré.

L’autre grande réussite est d’avoir fédéré une solide communauté de fans, qui s’est considérablement agrandie ces derniers jours, et d’avoir inspiré quantité d’entre eux, parfois à petite échelle, parfois pour une totale remise en question aussi définitive qu’une décision adolescente. Cette aventure passionne parce qu’on y trouve ce qu’on avait même oublié : un certain goût de liberté (sécurisée avec une connexion SFR). Même si les valeurs prônées sont simples, on ne peut qu’être en accord avec les conseils qu’Inès délivre avec sa bonne humeur.

La question en suspend

La question n’est pas « va-t-il y avoir encore plus de touristes dans l’Himalaya ? », puisque, le tarif se situant entre 55000 et 70000 euros pour une ascension, les p’tits français ne vont pas se ruer. Elle n’est pas non plus « Inoxtag est-il devenu multimillionnaire ? », il réussit financièrement oui, c’est juste un constat. Mais d’autres questions viennent en tête : a-t-il initié les jeunes à la montagne ? Aux enjeux écologiques ? Aux comportements addictifs ? Aux conditions de vie d’un sherpa ? On pourrait refaire à l’infini le documentaire pour qu’il aborde mieux ou plus profondément tel ou tel aspect, se concentrer sur les parents d’Inès, sur son équipe, sur les déchets et la pollution engendrés par l’expédition… La proposition d’Inoxtag est autre, elle est lui, un lui réinventé et mis en scène.

Donc la question en suspend est : que va faire Inoxtag de cette nouvelle popularité ? Il dit avoir conscience que ses messages touchent des dizaines de millions d’individus ; à grand pouvoir grande responsabilité dirait un super-héros. Alors comment utiliser cette puissance ? Une nouvelle Love Army ou une aventure aquatique d’Inès dans un sous-marin ? Se filmer à bord de son yacht acheté à Monaco ou s’engager en politique ?

« Et Dieu dans tout ça ? » l’a questionné une Léa Salamé pétrie de préjugés face au jeune français de père algérien (donc forcément musulman), « je ne suis pas croyant » a déclaré Inès. Toujours est-il qu’aujourd’hui beaucoup croient en Inoxtag.

Par Bob, un article inédit pour notre version en ligne, mais par pitié soutenez-nous, abonnez-vous à votre version papier ! https://mouais.org/abonnements2024/