La rédaction du journal Mouais tient à réagir à la mise en ligne, par nos chers amis de la plateforme Multimédia Youtubercule (sur laquelle nous avons l’honneur d’apparaitre également), d’une conférence de Christian Vélot, datée du 11 novembre 2021, ayant eu lieu au Parc Floral de Paris à l’initiative de Nature et Progrès dans le cadre du Salon marjolaine Bio, et titrée « le vaccin anti-covid à la loupe ».

Vélot ne nous parait effectivement pas la personne la plus à même d’éclairer lectrices, lecteurs, auditrices et auditeurs sur la réalité actuelle des divers vaccins actuellement employés contre le covid-19. Et le podcast « le Joli mois de Mouais », consacré aux rencontres organisées chaque mois par notre rédaction, figurant juste à côté, nous souhaitons éclaircir quelques points afin de ne pas être associé.e.s à ce qui nous semble être de la désinformation.

Biologiste, homme politique et lanceur d’alerte reconnu et respecté dans le domaine des OGM, Christian Vélot s’est en effet fait remarquer récemment pour avoir participé à la désinformation entourant la campagne vaccinale, à l’occasion de propos qu’il a notamment tenu dans les colonnes du tristement célèbre journal France Soir, qui héberge depuis peu, après son rachat et le renvoi de tous ses journalistes, toute la pensée conspirationniste actuelle la plus nauséabonde, avec de fréquents relents xénophobes liés à la mouvance Qanon, dont il ont par exemple repris la théorie délirante voulant que l’ex-président Donald Trump soit en prise avec une cabale mondiale de pédophiles satanistes.

Aucun scientifique digne de ce nom, ni aucun.e militant.e des libertés individuelles et collectives, ne devrait selon nous se compromettre dans un tel torchon ; mais c’est encore un autre sujet (quoique).

Le sujet est celui-ci : depuis quelques mois, M. Vélot alerte sur le fait que 1/ Les vaccins contre le covid-19 entraineraient une multiplication des variants, ce qui lui fait affirmer, dans une vidéo Youtube datée du 7 juin dernier : « Il y a une irresponsabilité collective à se faire vacciner (…) On a besoin de laisser un échappement au virus d’origine pour faire de l’ombre éventuellement à des variants, et à cause de cela il faut que des personnes ne soient pas vaccinées. »

Et 2/ Dans une note alarmiste rédigée l’an dernier pour le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), il affirme que les vaccins à ARN messager pourraient entraîner des mutations génétiques, et conclut ainsi qu’une « campagne de vaccination de masse » aurait des retombées potentiellement « désastreuses », ce qui est effectivement fort préoccupant.

Le problème est que tout ceci est faux, ou en tous les cas infirmé par toute la littérature scientifique actuellement disponible (et donc tenu pour non-prouvé jusqu’à preuve du contraire, comme le veut la méthode scientifique).

Pour ce qui est de la terrifiante possibilité d’une modification du génome, elle est tout simplement fantaisiste, comme l’a notamment rappelé l’INSERM, Institut national de la santé et de la recherche médicale, organisme unique de recherche public français sur la santé : « Il est important de préciser que l’ARN injecté via le vaccin contre la Covid n’a aucun risque de transformer notre génome ou d’être transmis à notre descendance, dans la mesure où il pénètre dans le cytoplasme des cellules, mais pas dans le noyau. Cette donnée est confirmée par 30 ans de recherche plus générale en laboratoire sur les vaccins à acides nucléiques, qui confirment que les molécules d’ARN du vaccin ne se retrouvent jamais dans le noyau. Or, c’est dans ce noyau cellulaire que se situe notre matériel génétique. Même après l’injection du vaccin, lors de la division cellulaire, les noyaux continuent à ne contenir que notre ADN humain naturel.

Par ailleurs, l’injection est locale et les cellules qui reçoivent l’ARN codant la protéine Spike sont principalement des cellules immunitaires: en aucun cas l’ARN ne va jusqu’aux cellules des organes reproducteurs (les gonades). Il ne peut donc pas être transmis d’une génération à l’autre. 

Enfin, l’ARN étranger injecté est instable et ne reste donc pas longtemps dans l’organisme : il produit juste ce qu’il faut de protéine Spike pour entraîner le système immunitaire à réagir en cas d’infection « naturelle » par le virus, avant d’être éliminé. »

Les seuls traitements en mesure d’interagir avec le génome humain sont des thérapies géniques (introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie), qui n’ont pas grand-chose à voir avec les vaccins à ARN messager, nécessitent des injections massives sans commune mesure avec celles employées dans le cadre de la vaccination, sont des processus médicaux extrêmement lourds et ont des fourchettes de prix oscillant entre… 370.000 dollars (pour deux thérapies proposées par Novartis et Gilead contre le même cancer, une variété de lymphome) à 2 millions pour le Zolgensma, autant dire que ça n’est pas particulièrement grand public.

Pout en savoir plus ce point, vous pouvez vous reporter à cet article de l’INSERM ou à cette vidéo du vulgarisateur scientifique Le Point genius.

Pour le premier point, celui lié à la question des variants et de leur possible multiplication en raison de la vaccination de masse, il repose sur l’idée d’une compétition entre les virus pour les hôtes humains, compétition dans le cadre de laquelle une forte couverture vaccinale éliminerait les variants sensibles et laisserait donc champ vaquant aux variants résistants, plus contagieux, plus dangereux.

D’allure certes convaincantes, cette théorie est également fausse. Et nous reprendrons ici le texte produit par le site zététique « La Menace théoriste » (également disponible en version vidéo), rédigée par le biologiste et vulgarisateur scientifique Thomas C. Durand avec les contributions « de plusieurs internautes Dr en immunologie, en virologie, en épidémiologie, ainsi qu’un membre de covid19 fédération » :

« Il y a compétition entre les variants viraux, c’est vrai, qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas vaccination. Quel que soit le nombre de personnes vaccinées, un variant plus efficace va mieux se répandre qu’un moins efficace, par définition. Le variant britannique a remplacé le précédent D614G avant la vaccination. Ce même D614G avait remplacé la souche d’origine dès mars-avril 2020. Mais ce qui crée les variants, ce n’est pas la compétition —qui ne fait que sélectionner les plus efficaces— ce qui crée les variants, c’est le hasard au gré du nombre de réplications que peuvent faire les virus, et cela est lié au nombre de personnes qu’ils peuvent infecter. Plus il y a de gens infectés, plus le virus va se répliquer, plus il a des chances de créer un gros méchant variant.

L’apparition de mutations et l’émergence de variants dépendent donc du nombre de contaminations et de la charge virale de chaque personne contaminée.

Or la vaccination, que fait-elle ? Elle réduit le nombre de contaminations et elle réduit la charge virale des personnes contaminées. Plus on vaccine, plus on réduit le nombre d’hôtes dans lesquels le virus aura une chance de varier. Par ailleurs, en vaccinant, et ce n’est pas un détail, on réduit la population qui a besoin de soin, on évite la saturation des hôpitaux : on sauve des vies (il n’y a pas que le covid qui tue pendant l’épidémie)

Attaquons le cœur de l’argument : Le lien entre couverture vaccinale et apparition/diffusion de variants est un équilibre qui dépend de plusieurs facteurs. Dans une population faiblement vaccinée, il n’y a effectivement pas assez de pression de sélection pour favoriser un mutant. Si la vaccination augmente, en théorie cette pression peut atteindre un seuil où une mutation rarissime du virus, une mutation qui le rendrait insensible au vaccin mais sans lui conférer un autre avantage sur ses compétiteurs finirait par être sélectionnée au bout d’un certain temps.

Souvent une mutation avantageuse s’accompagne d’une contrepartie négative : par exemple dans notre cas on peut imaginer une modification de la protéine virale spike qui ne serait plus fonctionnelle pour la fixation sur ACE2, qui est sa porte d’entrée dans la cellule humaine, mais qui donnerait une nouvelle cible d’infection. Ce changement rend le virus invisible aux anticorps produits par la vaccination spécifiquement contre la protéine Spike, et donc même si sa nouvelle cible d’entrée est moins efficace, le virus est avantagé, il est sélectionné : on a produit un variant qui peut échapper à la vaccination. Dommage

Si la population est fortement vaccinée, que se passe-t-il ? Eh bien la diffusion des virus est grandement empêchée, le nombre de réplications virales chez les infectés vaccinés reste faible, et le variant rarissime dont nous parlions à l’instant voit ses chances d’apparaitre extrêmement réduites.

Donc le problème se pose lorsque la circulation virale est suffisante pour que ces événements hyper rarissimes se produisent ET que la proportion vaccinale tout en étant trop faible pour couper la circulation est devenue assez grande pour représenter un écosystème où de telles mutations seraient favorisées. »

Conclusion du biologiste : « Dans l’histoire du Covid 19, les variants les plus contagieux, ceux qui ont remplacé les souches initiales sont apparus dans des populations… peu ou pas vaccinées. » Une politique sanitaire basée sur la vaccination du plus grand nombre reste donc une nécessité, même si rien ne justifie que celle-ci soit menée avec la violence qui est la sienne en France, et ne saurait faire oublier qu’elle doit obligatoirement s’accompagner de mesures sociales de service public.

Ce que nous savons actuellement des vaccins, c’est qu’ils réduisent les risques d’infection (symptomatique ou asymptomatique) ; qu’ils réduisent la charge virale ; et qu’ils réduisent la sévérité des symptômes, ce qui signifie donc moins d’hospitalisations, et moins de covid longs, sachant qu’en France, entre 250 000 et 300 000 personnes souffrent de symptômes persistants (source), et, ne l’oublions pas, moins de morts. Aucun effet secondaire grave à grande échelle n’a pour le moment encore été avéré. Voici le constat ; que chacun.e de vaccine, ou non, à partir de ces éléments.

Les méthodes autoritaires et brutales du gouvernement, et le scandale du passe sanitaire puis vaccinal, ont fait naitre des craintes légitimes au sein d’une partie de la population, craintes auxquelles il faut répondre dans le cadre d’un débat démocratique et populaire mesuré et reposant sur des données scientifiques éprouvées ; hélas, cette réflexion nécessaire est soumise à de nombreuses manipulation de parts et d’autres, et de nombreuses fausses informations circulent ici ou là, déguisées en allégations scientifiques apparemment convaincante car venant de gens en blouse blanche, et c’est pourquoi nous disons : méfi !

La zététique, l’art du doute, peut nous aider à nous repérer en cette période complexe ; et c’est pourquoi nous vous recommandons fortement de fréquenter de temps à autres les sites et chaines Youtube qui vulgarisent cette pensée.

Quant au point de vue de la rédac de Mouais sur les grands labos pharmaceutiques, la stratégie du tout-vaccinal et la politique sanitaire gouvernementale, elle a été clairement été exprimée notamment dans le papier ci-joint (qui ne prétend à aucune forme de scientificité) : https://mouais.org/lettre-de-reclamation-a-monsieur-pfizer/?fbclid=IwAR3XnSrGYXZc-YMo3_kGMUjQ_wB0rbrn86NTT9cAlT7lLQVYStk3xYLbODU

Viva la dubitativité,

Et longue vive à nos camarades de Youtubercule, dont le travail est par ailleurs admirable,

La rédac’ de Mouais