On connait l’amour pour le « passe sanitaire » de Christian Estrosi, lui qui avait déclaré vouloir un confinement strict et pas d’assurance chômage pour les non-vaccinés. Sauf que son application à l’hôpital, un des derniers endroits où il est encore en vigueur, pose quelques soucis en termes d’égalité dans l’accès au soin – notamment depuis que l’activité des centres de dépistages gratuits a été close.

« En ce moment on marche sur la tête à l’hôpital, comme d’habitude, tu me diras ». Ainsi commence le message que m’a envoyé récemment Hagrid*, un ami travaillant à l’hosto de Nice depuis de nombreuses années.

Mais quelque chose est encore venu aggraver l’inégalité de l’accès au soin. En effet, depuis quelques mois, l’entrée à l’hôpital est soumise à la détention d’un « passe sanitaire » -c’est un des derniers endroits où il est encore demandé. En l’occurrence, et pour éviter la rupture de soins, des centres de dépistages – des tests antigéniques gratuit – étaient disposé à l’entrée des sites hospitaliers. En parallèle, une boite de sécurité privée (évidemment) était chargée de filtrer l’accès à l’hôpital, et si besoin d’orienter les patients vers les centres de dépistages afin qu’ils obtiennent un « passe sanitaire » valide pour leur consultation.

Là ! « Depuis le début de la semaine – 21 mars 2022 – l’activité de ces centres de dépistages gratuits a été close. C’est là que le bât blesse. Car l’entreprise chargée de la sécurité doit encore filtrer l’entrée de l’hôpital ».

Il y a alors plusieurs comportements que l’on peut constater, note Hagrid*. « Soit les agents de sécurité disposent de moyens adaptés afin de contacter les services de consultations, afin de négocier l’entrée sans « passe sanitaire » valide des patients (et clairement, ça ralentit l’accès aux soins de toutes et tous) … Soit ils n’en n’ont pas les moyens, et doivent alors refouler les patients à l’entrée. Les personnes doivent alors aller à une pharmacie – parfois positionnée à plusieurs kilomètres du site hospitalier – pour acheter un test antigénique, non remboursé, quels que soient leurs moyens financiers. »

Et de conclure sèchement : « Pour moi, ça s’apparente à un refus de soins, tant les efforts à déployer pour aller à une consultation doivent être important, et ce quel que soit l’état de santé du patient ».

Et ce, ajouterai-je, alors même que les études que les personnes non-vaccinées à ce jour sont plus souvent issues des classes pauvres. « Par exemple, dans le 16e arrondissement de Paris, où le revenu médian est de 40 400 euros, 20,1% de la population n’est pas vaccinée. Contre 39,1% à Saint-Denis, où le revenu médian n’est que de 15 270 euros », ainsi que l’a rapporté FranceInfo dans un article de janvier dernier.

Ou comment restreindre toujours plus l’accès au soin des pauvres…

Par Macko Dràgàn

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*Oui, le nom a été changé.