Dimanche 18 septembre, à 11 heures s’est élancé du 93 boulevard de la Madeleine, à l’ouest de la ville, la marche blanche en hommage à Zied, tué par la police le 7 septembre dernier, au volant d’une voiture. Les contours du drame sont encore flous. Pour l’instant seul le récit policier émerge du flot médiatique, pourtant déjà démenti par la diffusion d’une vidéo le lendemain des premières déclarations. Par Edwin Malboeuf

 

Environ 200 personnes sont présentes ce dimanche matin devant l’immeuble où résidait Zied, boulevard de la Madeleine. De ce quartier populaire de Nice, s’élance silencieusement la foule, vêtue de T-shirts blancs avec inscrit en lettre noires « Justice pour Zied, un ange parti trop tôt », direction le Palais de justice. Dans le cortège, ses voisins, ses amis, sa famille, mais aussi quelques figures politiques locales de gauche. Colère froide et tristesse contenue se dégagent des rangs. On discute ça et là des mensonges proférés à l’encontre de Zied, de la non-nécessité du tir, et de l’indécence après sa mort. Il a été dit que Zied était arrivé en France il y a un an. Premier mensonge. Zied a grandi à la Madeleine, comme nous l’explique l’une de ses amies d’enfance à la pancarte exhaustive : « En France, la peine de mort a été abolie en 1981. Sauf pour les refus d’obtempérer et encore moins pour les enfants issus de l’immigration ».

Les organisateurs et organisatrices de la marche respectent scrupuleusement le protocole et invite régulièrement les manifestants à rester sur la chaussée. La « mama », comme elle est appelée affectueusement par les proches de Zied, est placée en tête de cortège et chacun est sommé de rester derrière elle. La marche est agrémenté de quelques « Justice pour Zied », de temps à autre.

Arrivés au Palais de justice, quelques prises de parole rappellent qu’on ne doit pas mourir pour un refus d’obtempérer. Des ballons blancs sont lâchés dans l’air, et les pancartes sont déposées sur les grilles du Palais de justice. Les participants, émus, expriment aussi leur fierté d’avoir été nombreux à rendre hommage à leur ami, avec un cortège diversifié (voir vidéo ci-dessous). Et qu’il faudra ensuite soutenir la « mama ».

Frédéric Rodriguez, coach sportif, l’un des organisateurs de la marche, tient à remercier le préfet Bernard Gonzalez de ne pas avoir cédé aux pressions politiques, ainsi que les policiers qui ont encadré la marche dans ce moment de tension. Il invite ensuite chacun et chacune à se disperser dans le calme, sans créer d’effet de foule. Ils entendaient rendre un hommage irréprochable. Cela fut le cas.

Place désormais à la justice pour déterminer le déroulé exact des faits, et potentiellement réparer le préjudice causé à la famille endeuillé, constituée partie civile et représenté par Maitres Guez Guez et Elhamamouchi.

Reportage vidéo de la marche :

Rappel des faits :

Le mercredi 7 septembre, Zied Bensaïd conduisait sur la voie Mathis, avec un passager à son bord. La voiture est signalée comme ayant une conduite dangereuse. Il est pris en chasse par la police et est rapidement coincé à la sortie de la voie Mathis. L’un des policiers sort son arme, met en joue Zied, et fait feu sur la vitre du conducteur. Le tir est mortel. Comme toujours, le récit policier qui suit invoque immédiatement la légitime défense, son intégrité physique étant mise en jeu. Dès le lendemain, une vidéo prouve le contraire. La procédure devra déterminer le détail des faits. Un drame qui rappelle l’importance de la « sous-veillance » citoyenne, pour contrebalancer le narratif policier. Dans tous les cas, pour les infractions routières, il existe le relevé de plaque, et non la peine de mort.